
Pourquoi les philologues étudient-ils toujours les manuscrits d’Alexandre Pouchkine?

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On pourrait croire que l’on n’a plus rien à apprendre de la vie et de l’œuvre d’Alexandre Pouchkine tellement elles ont été explorées. Mais ses manuscrits révèlent encore et toujours des détails qui permettent de corriger le sens que l’on donne depuis longtemps à certains de ses écrits.
« Un instant encore et le vers couleront d’eux-mêmes », affirmait Alexandre Pouchkine. En réalité, il travaillait longtemps ses textes et les ciselait avec minutie et patience. Ses manuscrits sont couverts de corrections, souvent difficilement lisibles tellement elles sont nombreuses.

« Les carnets de travail de Pouchkine sont le véritable laboratoire de ses œuvres. Sur leurs pages, en toute harmonie se succèdent prose, poésie, dessins, notes et comptes. Des fragments d’un seul et même projet peuvent se trouver sur des pages éloignées, d’un même carnet ou de plusieurs », explique Vladimir Tourtchanenko, conservateur du fonds d’archives Pouchkine à la Maison Pouchkine de Saint-Pétersbourg.
Lorsqu’ils préparaient l’édition des œuvres complètes d’Alexandre Pouchkine, les philologues soviétiques réalisèrent un travail considérable d’analyse des modifications faites par l’écrivain. Mais, ils n’expliquèrent pas une chose : pourquoi avoir choisi une version d’un texte plutôt qu’une autre. Aujourd’hui, les chercheurs tentent de reconstituer la chronologie des révisions qu’Alexandre Pouchkine faisait de ses textes.
Les Pouchkinistes contemporains étudient les manuscrits originaux et reconstituent pas à pas l’histoire de la création des textes. Les différentes teintes des encres permettent parfois de déterminer quand le poète introduisit telle ou telle correction dans un texte.

« Svetlana Fiodotova, sous la rédaction de qui les textes en prose d’Alexandre Pouchkine sont en cours de publication dans la nouvelle édition académique de ses œuvres complètes, a montré de manière convaincante que le personnage principal de la nouvelle Le Maître de Poste ne s’appelait pas Samson Vyrine, comme on le pense, mais Siméon Vyrine. Cette différence est bien plus importante qu’elle n’en a l’air : combien de travaux ont été écrits sur ce héros ʺinsignifiantʺ et ʺhumilié qui porte le prénom d’un héros biblique ! Le fait qu’Alexandre Pouchkine l’avait en réalité baptisé Siméon ouvre le champ à de nouvelles interprétations et à une nouvelle compréhension de la profondeur de ce personnage », ajoute Vladimir Tourtchanenko.
Des découvertes de ce genre prouvent une chose : les manuscrits d’Alexandre Pouchkine ne sont pas seulement de simples archives, elles sont la clef de la compréhension du sens vivant et toujours susceptible d’être renouvelé de son œuvre.
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