Trente chefs-d’œuvre de la Galerie des Pays d’Europe et d’Amérique du Musée Pouchkine

Outre sur Telegram, Fenêtre sur la Russie diffuse désormais du contenu sur sa page VK! Vidéos, publications dédiées à l’apprentissage du russe et plus encore dans notre communauté

Après la Révolution d’Octobre, presque toutes les grandes collections d’art privées furent nationalisées. Pour accueillir les toiles des peintres impressionnistes et modernes fut ouvert le Musée de l’Art occidental contemporain. Après la Grande Guerre patriotique, il fut fermé et ses collections exceptionnelles furent réparties entre l’Ermitage de Léningrad et le Musée des Beaux-Arts Pouchkine de Moscou. Celui-ci exposa les toiles reçues de ce partage dans son annexe située à côté de son bâtiment principal. Elle est aujourd’hui connue comme la Galerie des Pays d’Europe et d’Amérique. Découvrons ou redécouvrons trente des chefs-d’œuvre que l’on peut y admirer.

Johanes et Franz Riepenhausen, La Jeune Fille Venue d’Ailleurs, début du XIXe siècle 

Ce tableau des deux peintres allemands est inspiré du poème de Friedrich Schiller La Jeune étrangère. Son personnage principal est l’incarnation du printemps et du renouveau de la nature qui arrivent en mai et émerveillent les bergers qui vivent dans la pauvreté.

Francisco de Goya, Le Carnaval, 1810-1820

Trois tableaux de Goya sont conservés en Russie. Deux d’entre eux appartiennent aux collections du Musée Pouchkine. Le Carnaval, toile sur laquelle on voit d’épais et sombres nuages s’amonceler en plein jour au-dessus de la fête, est empreint d’angoisse et d’un pressentiment de malheur.

Jean-Auguste-Dominique Ingres,  La Vierge Adorant l’Hostie, 1841

Le peintre français peignit ce tableau sur commande d’Alexandre Nikolaïévitch, le futur empereur Alexandre II. C’est pourquoi, de chaque côté de la Vierge, sont représentés les protecteurs de l’empereur Nicolas Ier et de son héritier, respectivement saint Nicolas de Myre et saint Alexandre Nevski.

Mary Cassatt, Mère et Enfant, 2^de moitié du XIXe - 1^er tiers du XXe siècle

Américaine de naissance, Mary Cassatt passa presque toute sa vie en Europe. Elle fut une condisciple de Camille Pissarro et une amie d’Edgar Degas. Les portraits d’une mère et de son enfant sont caractéristiques de son œuvre.

À ne pas manquer : Dix objets exceptionnels exposés dans les salles des Trésors d’Or de l’Ermitage 

Paul César Helleu, Dame en Blanc, 2^de moitié du XIXe - 1^er tiers du XXe siècle

Le peintre français prenait souvent sa femme Alice comme modèle. C’est elle que l’on voit sur cette toile dont Piotr Chtchoukine fit l’acquisition pour sa collection.

Camille Corot, Portrait de Mariette Gambay, 1869-1870

Cette toile est l’un des plus beaux portraits que Camille Corot peignit. Son modèle, Mariette Gambay, tient un livre dans l’une de ses mains et est plongée dans ses pensées. Le peintre possédait une collection de livres anciens. Il faisait souvent poser ses modèles avec l’un des ses trésors à la main. 

Claude Monet, Boulevard des Capucines, 1873

En voyant cette toile lors du premier salon des impressionnistes, un critique d’art écrivit avec indignation qu’on la dirait réalisée par un peintre en bâtiment et que les gens ressemblent à des points noirs. Claude Monet avait posé son chevalet dans l’atelier du photographe Nadar : l’atmosphère du boulevard baigné de la lumière du soleil couchant l’avait inspiré.

Arnold Böcklin, Le Printemps (Chants du Printemps), 1876

Le peintre suisse réalisa une série de tableaux sur lesquels il donne à voir des personnages en train de chanter et de jouer d’instruments de musique. Les femmes, qui longent le champ, symbolisent les forces de la nature. Le poète Rainer Maria Rilke aimait particulièrement cette toile. Il en avait une reproduction sur son bureau.

Pierre-Auguste Renoir, Portrait de l’Actrice Jeanne Samary, 1877

L’actrice de la Comédie Française Jeanne Samary fut le modèle de plusieurs tableaux de Pierre-Auguste Renoir : Le Bal du Moulin de la Galette et La Balançoire, tous deux peints en 1876. Nombre de contemporains du maître impressionniste disaient du portrait de la jeune actrice qu’on pourrait presque « le manger à la cuillère ».

Edouard Manet, Jeune Femme en Rose (Rosita Mauri), années 1880

La célèbre danseuse espagnole posa pour Edgar Degas, Auguste Renoir et, bien sûr, Edouard Manet. Elle fit sensation sur les scènes de Barcelone, Paris et Milan. Des ballets furent chorégraphiés spécialement pour elle. Dans le souvenir de certains de ses contemporains, Rosita Mauri avait un caractère explosif. Edouard Manet sut rendre sa grâce et son charme.

Pascal Dagnan-Bouveret, Bénédiction d’un Jeune Couple avant le Mariage, 1880-1881

Le peintre français choisit de représenter sur cette toile une scène dont il avait été témoin. En 1882, il l’exposa au Salon de Paris. Le mécène Sergueï Tretiakov en fit l’acquisition en 1888.

Paul Cézanne, Pierrot et Arlequin, 1888

Ce tableau, dont le second titre est Mardi Gras, témoigne de l’intérêt du peintre pour les carnavals. Les modèles de son Pierrot timide et de son Arlequin hautain furent respectivement son fils Paul et l’un de ses amis. 

Paul Gauguin, Café à Arles, 1888

En 1888, Paul Gauguin rejoignit son ami Vincent van Gogh à Arles. « J'ai peint aussi un café de nuit, ce qui plaît infiniment à Vincent, mais moi – pas », avouait le peintre. 

Vincent van Gogh, Vignes Rouges à Arles, 1888

« [...] nous avons vu une vigne rouge, toute rouge comme du vin rouge. Dans le lointain elle devenait jaune et puis un ciel vert avec un soleil, des terrains après la pluie violets et scintillant jaune par ci par là où se refletait le soleil couchant » , écrivait Vincent van Gogh à son frère Théo le 3 novembre 1888. Ce tableau peint dans les environs d’Arles fut l’un des rares du peintre néerlandais vendu de son vivant.

En images: Dix tableaux de Karl Brioullov à découvrir ou redécouvrir 

Vincent van Gogh, Portrait du Docteur Rey, 1889

Félix Rey était médecin à l’hôpital où fut admis Vincent van Gogh après s’être coupé le lobe de l’oreille gauche. Pour le remercier de s’être occupé de lui, le peintre fit son portrait. Il ne fut visiblement pas du goût du docteur Rey qui le remisa dans le grenier de sa maison. Il utilisa ensuite le tableau pour combler un trou dans la clôture d’un poulailler. En 1900, le docteur Rey céda sans regret son portrait à Sergueï Chtchoukine pour une somme modeste.

Vincent van Gogh, La Ronde des Prisonniers. Février, 1890

Vincent van Gogh vit un jour une gravure de Gustave Doré sur laquelle étaient représentés des prisonniers marchant les uns derrière les autres. Alors qu’il se trouvait à l’asile de Saint-Rémy, il décida, dans un moment de lucidité, de peindre un tableau sur le même sujet. Il comparait ainsi son séjour en hôpital psychiatrique à un incarcération dans un établissement pénitentiaire. On reconnaît d’ailleurs ses traits dans le prisonnier aux cheveux roux.

Paul Gauguin, Aha Oe Feii ? (Eh quoi ! Tu Es Jalouse ?), 1892

Paul Gauguin considérait ce tableau comme le meilleur qu’il ait peint lors de son séjour à Tahiti. Avant de faire le portrait de ces deux sœurs parlant de leurs amours après s’être baignées, Paul Gauguin les avait décrites dans son livre Noa-Noa. Voyage de Tahiti.

Paul Cézanne, Nature Morte aux Pêches et aux Poires, vers 1895

Paul Cézanne peignit plus de deux cents natures mortes. Il considérait que ce genre pictural apprenait le métier.

Edgar Degas, Danseuses Bleues, 1897 

Edgar Degas peignit ces quatre danseuses faisant une ronde alors qu’il perdait la vue. Sa mémoire visuelle exceptionnelle lui permit de mener son projet à bien. Pour reproduire exactement les proportions de ses modèles, il leur demandait de porter sur elles des sortes de repères. Le collectionneur Sergueï Chtchoukine acheta les Danseuses Bleues au galeriste parisien Paul Durand-Ruel. 

Camille Pissarro, Avenue de l’Opéra, Effet de Neige, le Matin, 1898

En 1898, Camille Pissarro vivait à l’hôtel du Louvre. Les fenêtres de sa chambre donnaient sur l’avenue de l’Opéra et la place de la Comédie Français. En décembre 1897, il écrivait à son fils Lucien : « Ce n’est peut-être très esthétique, mais je suis enchanté de faire ces rues de Paris que l’on a l’habitude de dire laides, mais qui sont si argentées, si lumineuses et si vivantes... C’est moderne en plein. ».

Le maître étudia comment la neige, la pluie, le brouillard métamorphosaient la capitale française et ses habitants et renouvelaient la perception d’un paysage déjà connu.

Claude Monet, Nénuphars Blancs, 1899

Le village de Giverny devint célèbre grâce à Claude Monet. Il y acheta une maison en 1883, s’y installa et en transforma la cour en jardin. Plus tard, il fit l’acquisition d’une parcelle marécageuse attenante à sa propriété. Il y créa un jardin magnifique avec une pièce d’eau enjambée par un pont japonais. Aujourd’hui, le monde entier connaît ce site enchanteur que le maître de l’impressionnisme peignit tant de fois.

Pablo Picasso, Arlequin et sa Compagne (Les Gymnastes Errants), 1901

Après s’être installé à Paris en 1900, Pablo Picasso allait souvent au cirque Médrano et en peignait les artistes.

Edvard Munch, Nuit Blanche. Osgardstran (Filles sur le Pont), 1902-1903 

Les contemporains du peintre norvégien considéraient Nuit Blanche comme son œuvre la plus aboutie. De la période durant laquelle il la peignit, Edvard Munch disait qu’elle avait été malheureuse, la plus difficile mais aussi la plus importante et celle où il travailla le plus. Ce fut l’époque de sa séparation avec sa maîtresse Tulla Larsen.

André Derain, Le Séchage des Voiles, 1905

A l’invitation d’Henri Matisse, André Derain vint travailler à Collioure. Il en rapporta de nombreux paysages marins où l’on ne voit aucune ombre. Le soleil baigne de sa lumière des barques multicolores et irise les vagues. Après le Salon d’Automne de 1905 lors duquel cette toile fut exposée, le nom d’un nouveau courant pictural s’imposa : le fauvisme.

Pablo Picasso, Jeune Acrobate au Ballon, 1905

Ce tableau est inspiré d’une esquisse faite pour la toile Famille d’Acrobates. Le peintre espagnol montre combien la vie est fragile et combien elle doit être protégée de la dureté de la réalité.

Kess van Dongen, La Dame aux Gants Noirs, 1907-1908

En 1908, lors du Salon « La Toison d’Or », le public russe vit plus de deux cents travaux d’impressionnistes : Renoir, Degas, Cézanne et d’autres maîtres, dont Kess van Dongen. La Dame aux Gants Noirs fut acquise par le mécène Sergueï Poliakov. 

Pablo Picasso, Portrait d’Ambroise Vollard, 1910

Le marchand de tableaux parisien Ambroise Vollard comprit avant tous l’importance du courant impressionniste et accorda sa protection à ses représentants. Il fut aussi l’un des premiers à discerner le talent du jeune Pablo Picasso. Dès 1901, il lui consacra une exposition. Ce portrait cubiste monochrome est composé de morceaux rassemblés dans plusieurs dimensions. Ils forment le visage sévère et volontaire du marchand d’art. Pablo Picasso estimait qu’il s’agissait de son meilleur portrait.

Odilon Redon, Le Renouveau (Printemps), 1910

Cette toile est presque monochrome : le regard, qui ne peut que glisser sur elle, cherche la silhouette d’une femme qui émerge du brouillard et se penche vers l’arbre.

Henri Rousseau (dit le Douanier Rousseau), Cheval Attaqué par un Jaguar, 1910

Cette toile est l’une des dernières de ce représentant du primitivisme. On pourrait croire qu’il a puisé son inspiration dans la nature sauvage. Il n’en est rien : il a trouvé son sujet en visitant le Jardin Botanique et le Zoo de Vincennes. 

Henri Matisse, Les Poissons Rouges, 1912

En voyant Les Poissons Rouges dans l’atelier d’Henri Matisse, Sergueï Chtchoukine s’enquit de la manière dont on pouvait les faire parvenir à Moscou le plus rapidement possible.

En suivant le lien, découvrez sept toiles du Musée de l’impressionnisme russe à voir absolument