Cinq raisons de regarder la série d’espionnage russe GDR
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1. Les films d’espionnage rétro sont de nouveau à la mode.
Le genre du thriller d’espionnage n’est jamais mort – grâce à James Bond, qui existe depuis plus de 60 ans, et à la franchise Jason Bourne (plus jeune – la première série est sortie à la fin des années 1980). Cependant, à côté des exemples « modernes » du genre, où l’action se déroule à notre époque, le rétrodrame d’espionnage sur l’époque de la guerre froide reste très populaire. Ces films et séries télévisées s’articulent très souvent à Berlin. L’on se souvient par exemple des trois saisons des séries Deutschland 83, Deutschland 86, Deutschland 89 (2015-2020), du drame Le Pont des espions (2015) de Steven Spielberg et du film d’action Atomic Blonde (2017) avec Charlize Theron. Or, le succès de Berlin n’a rien d’étonnant : la ville, divisée en deux moitiés, « soviétique » et « occidentale », est naturellement devenue le champ de bataille des services spéciaux. Il est même étrange qu’une série russe sur un sujet aussi fertile ne sorte que maintenant.
2. GDR parle de la perestroïka, tout comme la récente série à succès Slovo patsana.
Le passé soviétique est l’un des sujets les plus populaires de la télévision russe. Cependant, la dernière période de l’histoire de l’URSS (1985-1991) a longtemps été négligée par les cinéastes. L’attention du public mondial sur la perestroïka a été attirée, bien sûr, par le succès britannico-américain Tchernobyl (2019), qui raconte le tristement célèbre accident nucléaire. Pour les téléspectateurs russes, le succès local de la série Slovo patsana. Krov’ na asfal’te (Parole de mec. Sang sur l’asphalte, 2023) a probablement constitué la frontière. La saga sur les gangs de jeunes a battu tous les records possibles en termes de visionnage et est devenue pendant des mois le sujet numéro 1 dans les discussions publiques. L’action de GDR (parmi ses créateurs, l’on trouve d’ailleurs des producteurs de Slovo patsana) se déroule principalement en 1989.
3. Dans la série, les événements historiques sont étonnamment mêlés à la fiction.
La série GDR ne peut évidemment pas être qualifiée d’exercice de genre de l’histoire alternative – les scénaristes ont conservé les événements fondamentaux de l’époque, mais ont fait preuve d’une grande créativité dans leur explication et leur interprétation.
Par exemple, dès le prologue, nous en apprenons plus sur le célèbre vol d’un pilote amateur allemand, Mathias Rust, qui, en mai 1987, a mené un avion à moteur léger de Hambourg à Moscou et a atterri sur le pont Bolchoï Moskvoretski. Les forces de défense aérienne soviétiques n’ont pas abattu l’avion civil, mais n’ont pas pu le forcer à atterrir hors de la capitale. L’image de l’URSS en tant que superpuissance militaire en a beaucoup souffert.
Or, selon les auteurs de la série, le vol de Rust n’était pas une simple farce d’un jeune garçon, mais une opération spéciale de la CIA, qui l’a placé à bord d’une arme bactériologique. Si Rust avait été abattu, une épidémie aurait en effet pu se déclarer, mais le protagoniste de la série – l’agent fictif du KGB Alexandre Netchaïev – parvient à avertir ses collègues de la provocation, et Rust termine le vol sans encombre.
4. Dans GDR, pour la première fois, le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev devient l’un des personnages principaux.
Le dernier dirigeant de l’URSS apparaît régulièrement au cinéma. Néanmoins, ce n’est que dans GDR que Gorbatchev est devenu l’un des personnages principaux – son rôle a été interprété par l’acteur Vitali Kovalenko, qui, en raison de son apparence, joue souvent des personnages historiques. Il a ainsi déjà incarné Lénine, Beria, Piotr Stolypine et même Napoléon Bonaparte.
Cependant, les défenseurs de la vérité historique qui auront vu GDR seront clairement déçus. Le Gorbatchev à l’écran est très loin de son prototype historique et illustre plutôt les mythes populaires de ces années-là. En particulier, une rumeur très répandue à l’époque voulait que le pays soit dirigé non pas par le secrétaire général, mais par son épouse. Jusqu’à Raïssa Gorbatcheva, il n’y avait pas vraiment eu de « premières dames » en URSS, qui ne se perdent pas dans l’ombre de leur mari et participent activement à la vie publique. Dans la série télévisée GDR, la relation des époux Gorbatchev tourne à la tragicomédie – Raïssa (interprétée par Madlen Djabraïlova) indique à son mari, dans les moindres détails, ce qu’il doit faire.
5. La Fraction armée rouge et le music-hall Friedrichstadt-Palast jouent un rôle important dans l’intrigue.
Outre Gorbatchev, d’autres personnalités politiques réelles figurent parmi les personnages de la série, comme Erich Honecker, secrétaire général du Parti socialiste unifié d’Allemagne. Il a également été interprété par un acteur russe (Anatoli Bataïev). Le rôle de Berlin lui-même a été joué par les villes russes de Kaliningrad et Vyborg, mais les panoramas généraux ont bien été filmés dans la capitale allemande – par exemple, la célèbre tour de télévision apparaît à plusieurs reprises à l’écran.
Pour cette série, les auteurs ont décidé de recréer – de manière assez libre – les numéros des spectacles du music-hall Friedrichstadt-Palast à Berlin. Sa prima donna, la blonde fatale classique nommée Ingrid, est l’héroïne principale de GDR. Le spectateur se retrouve même sur le plateau d’un des célèbres westerns est-allemands à propos de l’Indien Chingachgook. C’est là qu’intervient l’un des personnages de l’intrigue, un chanteur et acteur américain clairement inspiré de Dean Reed – un musicien aux visions de gauche bien réel qui a vécu et travaillé en RDA.
Et bien sûr, quel film politique sur l’Allemagne de la guerre froide peut se passer de la Fraction armée rouge, une organisation terroriste de gauche qui a semé la terreur parmi les habitants de l’Allemagne de l’Ouest pendant des décennies. Dans GDR, il apparaît assez rapidement que la FAR est directement impliquée dans un grand complot d’espionnage du KGB, de la Stasi et de la CIA.
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