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Juan Manuel, Argentin étudiant le russe: «La langue russe est philosophie»

Fenêtre sur la Russie
Venu suivre la session linguistique d’été de l’Institut Pouchkine, l’Argentin Juan Manuel a récemment fait part à Fenêtre sur la Russie de ses impressions sur la langue russe et sur Moscou.

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« Mon mot préféré ? C’est certainement люблю - Я люблю (J’aime). L’une des raisons : les caractères qui le composent n’existent pas dans les langues latines. De plus, c’est un mot très "aquatique" : il sonne comme de l’eau qui coule », nous confie Juan Manuel.

Son périple sur le fleuve des sonorités et de la graphie de l’idiome de Pouchkine n’a commencé qu’en février dernier, lorsqu’il a décidé d’ajouter le russe à son répertoire linguistique. Quelques mois seulement après le début de cette aventure, il est venu s’immerger totalement dans le bain linguistique russe en s’inscrivant à la session estivale de l’Institut Pouchkine.

Les premiers échos

Naturellement, les premiers contacts de Juan Manuel avec le russe datent de bien avant qu’il ne décide de s’engager dans ce voyage.

« Je me rappelle la première fois que j’ai vu les caractères cyrilliques. J’avais 4 ou 5 ans, je pense », raconte notre interlocuteur, plongé dans ses souvenirs. Quelques années plus tôt, des proches s’étaient rendus en Union soviétique et en avaient rapporté des guides touristiques et des diapositives. En les explorant, il a découvert pendant son enfance « des caractères inconnus et très beaux du point de vue de la calligraphie ».

Le contact auditif avec l’idiome de Pouchkine n’est venu que plus tard. « J’imagine que j’avais un certain âge quand j’ai commencé à regarder des films américains qui étaient populaires en Argentine à l’époque, et c’est là que j’ai entendu pour la première fois des mots ou des phrases en russe à l’oral. "На здоровье " ou "Я не знаю" - je crois que c’était dans les films de Rambo », confie-t-il en souriant.

Harmonie des contradictions

Maîtrisant déjà plusieurs langues, dont l’anglais et le français, Juan Manuel est incontestablement enthousiasmé par la découverte de ce nouvel univers linguistique. Loin d’être perturbé par les spécificités du russe, il semble s’y plonger avec curiosité, les analysant et les systématisant avec une passion évidente.

« Je crois que la chose la plus surprenante dans la langue russe, c’est la façon dont on gère les contradictions. En russe, un seul mot peut avoir des significations complètement différentes. Et une lettre peut avoir plusieurs sons en fonction du contexte et de sa place dans un mot, de la voyelle précédente », explique-t-il.

Interrogé sur le mot qui lui pose aujourd’hui le plus de problèmes, il répond sans hésiter : женщина, qui signifie femme en russe. La principale difficulté réside pour lui dans la succession des consonnes ж [ʐ] et щ [ɕː], qu’il peine encore à différencier et à prononcer.

Abordant le thème de la littérature russe, il explique que, quel que soit leur nature – scientifiques, politiques ou consacrés à la condition humaine, comme ceux de Dostoïevski –, les textes se rejoignent dans une même réflexion : « Comment l’existence des mondes peut être renversée puis retrouver son équilibre. La langue russe est aussi comme cela. De prime abord, elle peut sembler chaotique. Mais, en l’étudiant, on découvre qu’elle est philosophie. Une fois qu’on a commencé à la comprendre, la langue vient toute seule ».

Dans cette autre publication, découvrez le témoignage de l’étudiante turque Hilal.