Gagarine défie le temps comme il avait bravé l’espace
Suivez Russia Beyond sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr
Le 27 mars 1968, Iouri Gagarine trouvait la mort dans la région de Vladimir lors d’un vol d’entraînement sur Mig-15. Dès le 11 avril suivant, c’est-à-dire la veille du 7e anniversaire de son vol dans l’espace, la place de la Barrière de Kalouga à Moscou était renommée place Gagarine.
Au début des années 1970, on envisagea d’installer un monument au premier homme dans l’espace à l’angle de la perspective Lénine et de la rue Profsoyouznaïa (depuis 1977, perspective du 60e Anniversaire de la Révolution d’Octobre). Alexandre Douchkine (1904-1977), un des plus grands architectes soviétiques, avança une proposition qui resta à l’état d’esquisse : il voyait Iouri Gagarine en pied, le torse bondé, debout sur un piédestal dont les ailerons rappelaient ceux d’une fusée.
En 1979, à la veille des Jeux olympiques de Moscou, il fut décidé de mener ce projet à bien. Sa réalisation fut confiée au sculpteur Pavel Bondarenko, aux architectes Iakov Belopol’ski et Fiodor Gajevski, ainsi qu’à l’ingénieur Alexeï Soudakov. À n’en pas douter, ils reprirent l’idée d’Alexandre Douchkine. Ils en modifièrent les proportions et l’épurèrent.
Les 238 éléments de titane – un métal utilisé dans l’aérospatiale – qui composent le monument furent réalisés à la fonderie de Balachikha, dans la banlieue est de Moscou. Le visage du cosmonaute résulte d’une prouesse technique obtenue à la seconde tentative. Cette pièce, la plus lourde de toutes, pèse 300 kilogrammes. C’était plus que ce que l’on pouvait alors fondre dans un four sous vide. Le premier moule ne supporta pas une telle masse et se brisa. Les morceaux de titane furent assemblés par soudure et boulonnage puis montés sur une armature métallique à l’usine de constructions mécaniques Saturne de Lytkarino, dans la banlieue sud-est de Moscou.
Le 4 juillet 1980, soit 15 jours avant l’ouverture des Jeux olympiques, le monument à Gagarine fut inauguré. Le cosmonaute de 14,5 mètres se tient debout sur une colonne de 38 mètres au pied de laquelle est posée une reproduction de la capsule Vostok. L’ensemble pèse environ 12 tonnes. Au début des années 1980, il s’agissait de la plus grande installation en titane au monde.
Comme beaucoup de monuments de Moscou, celui à Gagarine est méticuleusement nettoyé à la sortie de l’hiver. L’opération dure quelques heures et nécessite seulement 1,5 m3 d’eau à 80°C dans laquelle sont dilués 300 ml d’un solvant qui n’endommage pas le titane. Le mélange pulvérisé sous pression permet de décoller des plaques de métal les déjections des oiseaux et la couche de polluants automobiles qui se forme progressivement.
En dépit du soin qui lui est porté, le monument à Gagarine se détériore avec le temps. En 2022, fut prise la décision de le restaurer. Les travaux ont commencé en août 2023. Le socle en marbre a fait l’objet d’une attention particulière et un système de drainage a été installé. Les spécialistes ont trouvé les parties en titane en meilleur état qu’ils ne le pensaient et espèrent pouvoir mener la restauration de l’ensemble à son terme d’ici à la fin de l’année 2024.
Grâce à la cure de jouvence qui lui est actuellement offerte, Gagarine du haut de son piédestal ne cessera pas de regarder au loin vers l’aéroport de Vnoukovo, où le cosmonaute atterrit le 14 avril 1961 avant d’être triomphalement accueilli à Moscou. Il continuera aussi et surtout à répondre de son sourire énigmatique aux critiques qui lui reprochent de ne pas ressembler à son illustre modèle (ce qui n’était pas le projet de ses concepteurs) et qui le traitent d’ancre, de tire-bouchon ou bien encore de transformer. Peut-être aussi commencera-t-il à lever les bras à minuit, faculté que lui prête, évidemment à tort, une légende urbaine !
Dans cette autre publication, découvrez tout ce que vous devez savoir sur Gagarine.
Chers lecteurs,
Notre site web et nos comptes sur les réseaux sociaux sont menacés de restriction ou d'interdiction, en raison des circonstances actuelles. Par conséquent, afin de rester informés de nos derniers contenus, il vous est possible de :
- Vous abonner à notre canal Telegram
- Vous abonner à notre newsletter hebdomadaire par courriel
- Activer les notifications sur notre site web