Comment des bathyscaphes russes ont aidé James Cameron à tourner Titanic
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En 1997, Titanic, film désormais emblématique de James Cameron, est sorti sur les écrans. Ce film d’une valeur record de 200 millions de dollars a été rentabilisé en 25 jours seulement. Cependant, avant l’Oscar et le triomphe, il y a eu autre chose : les producteurs ont traité Cameron de fou parce qu’il voulait l’impossible à l’époque : une reproduction détaillée à l’écran de costumes et d’intérieurs réalistes du paquebot naufragé.
Cameron exigeait pour cela une plongée vers l’épave du Titanic. Et les seuls qui pouvaient l’y aider étaient les Russes.
Vol vers la Russie
Dix ans avant la sortie du film, Cameron a regardé un documentaire de Stephen Low sur le Titanic. Il s’agissait d’images réelles de l’épave à 3 800 mètres de profondeur dans l’océan Atlantique, prises lors de la plongée des bathyscaphes russes Mir-1 et Mir-2. Ils étaient alors les meilleurs d’une série de submersibles de grande profondeur, ce que reconnaissait le Centre de développement technologique des États-Unis. Le réalisateur s’est par conséquent rendu auprès des scientifiques russes.
Il a gagné Kaliningrad, port d’attache du navire de recherche Akademik Keldych, qui transportait les Mirs. Le projet a nécessité une planification détaillée et, bien sûr, d’énormes sommes d’argent.
« Il lui a fallu deux ans pour y réfléchir. Pour notre communication aussi bien sûr, car nous échangions des fax, il n’y avait pas de courriels à l’époque », a relaté le scientifique russe Anatoli Sagalevitch. C’est lui et ses collègues qui étaient descendus à bord des Mirs vers le Titanic pour le tournage de Stephen Low.
La tâche était très ambitieuse, car Cameron voulait non seulement documenter les véritables intérieurs du Titanic, mais aussi inclure ces plans dans le film. Or, l’équipement de studio n’était pas adapté à cette tâche.
« Il voulait un tournage en stéréo, c’est-à-dire mettre deux caméras dans une boîte, et il fallait les rendre deux fois plus fines. Il a fait appel à Sony, qui lui a répondu qu’ils pouvaient le faire, mais qu’il fallait payer non pas 250 000 dollars pour chaque caméra, mais un million. Il a répondu : "Oui, je suis prêt à payer" », a déclaré l’hydronaute Evgueni Tcherniaïev, qui a travaillé avec Cameron.
Des robots dotés d’ampoules
L’Akademik Keldych s’est rendu dans la zone de naufrage du Titanic avec les bathyscaphes pour y passer 20 jours. Durant cette période, Cameron et l’équipage ont effectué plus de 20 plongées.
« Si pour moi il s’agissait d’une grandiose aventure, pour Anatoli et son équipe c’était un travail ordinaire : "Faire l’impossible avant le déjeuner" », a écrit le réalisateur dans son livre Exploring the Deep. Selon les scientifiques russes, il était excellent en plongée et apprenait vite.
« La pression est de 500 atmosphères, c’est-à-dire qu’une force de plus de 160 tonnes agit sur la vitre, ce qui équivaut au poids de 4 chars d’assaut », telles étaient les conditions dans lesquelles se trouvaient les bathyscaphes, a décrit Sagalevitch.
La pellicule contenue dans chaque cassette ne durait que 20 minutes, soit le temps d’une plongée. La caméra était placée à la mer dans un boîtier hydraulique spécial. Les Mirs étaient quant à eux équipés de petits modules téléopérés qui s’inséraient à l’intérieur du Titanic. Ces petits robots télécommandés ont parcouru l’ensemble du navire – les salons, ponts et cabines envahis d’algues – et ont longé la coque.
« Nous sommes entrés dans toutes les pièces du Titanic où nous pouvions faire entrer le matériel, nous sommes allés dans les cabines, nous avons vu les couchettes, les lavabos, les miroirs ; nous savions qui avait occupé quelle cabine, et nous avons trouvé les vêtements de ces gens, leurs effets personnels. Nous avons même visité la cale et inspecté la cargaison », a déclaré le réalisateur.
Et pour que les prises de vue en de telles profondeurs soient possibles, les spécialistes ont placé des systèmes d’éclairage mercure-halogène-iode d’une puissance de 1 200 watts.
Certaines séquences sous-marines ont été utilisées dans le film, mais la plupart ont servi de matériel documentaire pour recréer les aménagements et les intérieurs du Titanic.
Le long métrage a été présenté en première officielle au Festival international du film de Tokyo, le 1er novembre 1997. Le réalisateur a ensuite tourné quatre autres films avec des scientifiques russes. Il s’agit des documentaires Les Fantômes du Titanic (2001), Expedition: Bismarck (2002) à une profondeur encore plus grande de 4 700 mètres, Les derniers secrets du Titanic (2005) et le film de vulgarisation scientifique Aliens of the Deep.
Où les bathyscaphes Mirs ont-ils encore plongé ?
La profondeur maximale à laquelle les Mirs peuvent descendre est de 6 000 mètres. L’on estime qu’ils peuvent ainsi atteindre des profondeurs représentant 98,5% de la totalité du fond des océans du monde. Les bathyscaphes ont été conçus pour la recherche scientifique et les opérations de sauvetage.
La première plongée a eu lieu en 1987 et dès lors, les Mirs ont participé à 35 expéditions scientifiques en seulement quatre ans.
Outre les profondeurs de l’océan, ils ont exploré le fond du Baïkal, le lac le plus profond de la planète. En août 2009, même Vladimir Poutine a osé y plonger à leur bord.
Dans les années 2000, ils ont été utilisés pour étudier le sous-marin Koursk coulé dans la mer de Barents. Ils ont également recherché un sous-marin japonais coulé avec une cargaison d’or à bord et exploré le fond du cuirassé Bismarck coulé pendant la Seconde Guerre mondiale.
En 2007, les Mirs russes ont été les premiers au monde à descendre au fond de l’océan Arctique, à 4 300 mètres. L’équipage a prélevé des échantillons de sol et y a planté un drapeau russe en titane.
Les bathyscaphes sont toujours basés à Kaliningrad, mais ne participent plus aux expéditions et aux opérations de sauvetage. Le Mir-1 est en effet aujourd’hui exposé au Musée de l’océan mondial (bien qu’il soit noté qu’il est en état de marche et pourrait être ramené à bord du Keldych si nécessaire), tandis que le Mir-2 prend la poussière dans un hangar de l’Institut d’océanologie de l’Académie des sciences de Russie.
Dans cet autre article, nous vous présentions le projet soviétique Ichtiandre, visant à permettre la vie au fond de la mer.
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