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La ville jamais abandonnée depuis sa fondation la plus ancienne de Russie

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Au cours de son histoire longue de deux millénaires et demi, Panticapée fut sous des dominations différentes et changea plusieurs fois de nom. Cette cité est aujourd’hui connue comme Kertch.

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1. Panticapée (aujourd’hui Kertch) fut fondée dans la partie est de la Tauride (péninsule de Crimée actuelle) à la fin du VIIe siècle avant J.-C. par des colons venus de la cité grecque de Milet. Aujourd’hui, elle dispute le titre de ville la plus ancienne de Russie à Derbent, la perle du Daghestan.

Ainsi que le souligne l’historien Vladimir Tolstikov, conservateur en chef du département des arts et de l’archéologie des mondes antiques du Musée des Beaux-Arts Pouchkine à Moscou, Panticapée est indubitablement la ville la plus ancienne de Russie qui est toujours restée habitée depuis sa fondation. Contrairement à Derbent périodiquement abandonnée puis repeuplée. 

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2. Quelle est l’origine du nom Panticapée ? Selon une première hypothèse, cette cité aurait tenu son nom de la rivière Panticapa. Une seconde explication plausible serait que son nom viendrait du perse ancien « panti-kapa » (voie poissonneuse). Dans l’Antiquité, c’était ainsi que l’on désignait le détroit de Kertch.

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3. Du fait de sa position géographique avantageuse, Panticapée devint rapidement une grande ville commerciale. Dès le milieu du VIe siècle avant J.-C., elle frappa sa monnaie d’argent puis d’or.

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4. En 480 avant J.-C., les colonies grecques du Pont-Euxin se regroupèrent pour former le royaume du Bosphore dont Panticapée devint la capitale. À son apogée, ce royaume s’étendait sur presque toutes les péninsules de Crimée et de Taman actuelles et sur le littoral oriental de la mer d’Azov, appelé alors lac Méotide. Il fut un temps le plus gros fournisseur de grain d’Athènes.

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5. À la fin du IIe siècle avant J.-C., le royaume du Bosphore tomba sous la coupe du royaume du Pont avec lequel il combattit Rome. Après la défaite et le suicide du roi Mithridate VI le Grand (Eupator) en 63 avant J.-C., les Romains entrèrent en Tauride.

Mikhaïl Mokrouchin/Sputnik

6. Rome ne chercha pas à subjuguer le royaume du Bosphore mais le plaça sous son contrôle. La République puis l’Empire régissait la vie politique sur la péninsule, remplaçaient les rois qui ne lui convenaient plus. Quand elle l’estimait utile, Rome envoyait sa flotte dans le Bosphore cimmérien (détroit de Kertch) pour faire imposer ses décisions.

Au Ier siècle après J.-C., la présence militaire romaine en Tauride s’accrut. Une importante garnison stationnait à Panticapée. Sous Néron, entre 63 et 68, le royaume du Bosphore fut même incorporé à l’Empire. Après la mort du tyran, il retrouva un semblant d’indépendance.

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7. À partir du IIIe siècle, le royaume du Bosphore subit régulièrement les assauts des barbares venus des steppes. Ses rois demandèrent en vain de l’aide à Rome, qui avait de plus en plus de mal à défendre sa capitale. Progressivement, les garnisons romaines abandonnèrent la péninsule de Tauride.

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8. Le royaume du Bosphore périclita au Ve siècle. Panticapée passa ensuite sous la domination de l’Empire byzantin, du premier khaganat turc, de la principauté russe de Tmoutarakan, de la Horde d’Or, de Gênes, du khanat de Crimée puis de l’Empire ottoman. Son nom changea aussi régulièrement : Karcha, Kortchev, Tcherkio et, enfin, celui qu’elle porte aujourd’hui : Kertch.

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9. En 1774, la Crimée et Kertch furent incorporées à l’Empire russe. Au début du XXe siècle, on n’y trouvait plus aucun bâtiment, ni même aucune ruine, de Panticapée visible. Les fouilles archéologiques scientifiques commencèrent en 1945 et se poursuivent jusqu’à aujourd’hui.

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Des objets mis au jour lors des fouilles archéologiques menées à Kertch depuis 1945 sont exposés jusqu’au 1er mars 2026 à la succursale du Musée Pouchkine de Nijni-Novgorod.

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