Six maréchaux soviétiques déchus de leur titre
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Mikhaïl Toukhatchevski
« Napoléon rouge », « Bonaparte soviétique » et « géant de la pensée militaire » : tels étaient les surnoms de Mikhaïl Toukhatchevski, l’une des figures les plus éminentes du commandement militaire soviétique des années 1930.
En tant que premier adjoint du commissaire du peuple (équivalent de ministre) à la Défense, il a beaucoup fait pour le développement des forces aéroportées, de la technologie des missiles et de l’aviation torpilleuse. Il a toutefois été critiqué pour ses projets totalement déconnectés de la réalité, tels que la production annuelle de 100 000 chars.
Ambitieux, le maréchal s’est fait de nombreux ennemis, parmi lesquels le commissaire à la Défense Kliment Vorochilov. En mai 1937, au plus fort de la Grande Terreur, Toukhatchevski a donc été arrêté prétendument pour avoir préparé un complot « fasciste », déchu de son grade et rapidement fusillé.
Le commandant a été réhabilité et rétabli dans son grade en 1957.
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Vassili Blücher
Vassili Blücher faisait partie du tribunal spécial qui a condamné Toukhatchevski. Peu après, il a lui-même été victime d’un coup dur.
Le maréchal a été arrêté le 22 octobre 1938 alors qu’il se reposait dans la datcha de Vorochilov. Il fut accusé d’avoir participé à une « organisation antisoviétique de droite » et à un « complot militaire », de sabotage dans le domaine militaire, d’ivrognerie sur son lieu de travail et de dépravation morale.
Blücher est mort en détention le 9 novembre 1938. L’année suivante, il a été rétroactivement déchu de son grade et condamné à mort pour « espionnage au profit du Japon » et pour « participation à une organisation antisoviétique de droite et à un complot militaire ».
En 1956, il a été réhabilité et rétabli dans son grade.
Alexandre Egorov
Alexandre Egorov, chef d’état-major général de l’Armée rouge, partageait l’opinion de Toukhatchevski selon laquelle l’avenir appartenait aux chars. C’est en grande partie grâce à lui que l’industrie des chars a vu le jour en URSS.
Staline le décrivait comme « un commandant exceptionnel de la guerre civile », mais au plus fort des répressions massives, il a radicalement changé d’avis. Selon le dirigeant soviétique, de tous les maréchaux soviétiques, Egorov était le moins digne de ce titre.
En 1938, le commandant en chef fut donc accusé d’avoir saboté le travail de l’état-major général, d’espionnage, d’implication dans le complot de Toukhatchevski et de tentatives de création d’un groupe anti-parti. Le 23 février 1939, dépouillé de son titre et de ses décorations, il fut fusillé.
Egorov fut réhabilité et rétabli dans son grade en 1956.
Grigori Koulik
Il fut le seul maréchal soviétique à être démis de ses fonctions pendant la Seconde Guerre mondiale. En septembre 1941, il essuya un fiasco en tentant de briser le blocus de Leningrad, puis en novembre, il ne parvint pas à tenir Rostov-sur-le-Don et Kertch, où il avait été envoyé en tant que représentant du Quartier général du commandement suprême.
Cette série d’échecs a dépassé la limite de patience de Staline, qui a qualifié Koulik de lâche et de perdant. Le 19 février 1942, il a été déchu de son grade de maréchal.
Jusqu’à la fin de la guerre, le général de division Koulik ne s’est pas illustré, puis il est devenu commandant adjoint du district militaire de la Volga. Vexé, il critiqua ouvertement les dirigeants du pays et de l’armée, ce qui finit par causer sa perte. En 1947, il fut arrêté « pour avoir organisé un groupe de conspirateurs » et fusillé trois ans plus tard.
Koulik fut rétabli dans son grade de maréchal en 1957.
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Lavrenti Beria
Le titre de maréchal a été attribué au commissaire général de la Sécurité d’État le 9 juillet 1945, à la suite du remplacement des grades spéciaux de la sécurité d’État par des grades militaires. « Il n’est pas un vrai maréchal, mais il en est tout de même un », disait Staline à son sujet.
En 1953, au cours de la lutte pour le pouvoir qui a suivi la mort de Staline, Beria a été arrêté en tant qu’« organisateur d’un groupe de conspirateurs antisoviétiques » et fusillé. Il a alors été dépouillé de ses décorations et de son grade de maréchal.
En raison de son implication dans les répressions politiques, il n’a pas été réhabilité.
Nikolaï Boulganine
Bien que Boulganine se soit principalement illustré dans la fonction publique, il fut nommé ministre des Forces armées en 1947. La même année, il devait présider le défilé en l’honneur de l’anniversaire de la révolution d’Octobre, commandé par le maréchal Kirill Meretskov.
Comme Boulganine n’avait lui-même que le grade de général d’armée, une situation délicate se présenta. Il fut alors promu au grade de maréchal en urgence.
En 1958, après avoir perdu la lutte interne au parti contre Khrouchtchev, Boulganine fut écarté du pouvoir et dépouillé de son haut grade. Cependant, il eut plus de chance que les autres : il prit simplement sa retraite.
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