En images: la fenaison sur les toiles d’artistes russes
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Pour les paysans russes, l’été durait de la saints Pierre et Paul (29 juin dans le calendrier julien) à la saint Elie (20 juillet). Preuve en est le dicton : « Pierre fait commencer l’été et Ilia le fait terminer ». Ce mois était presque entièrement consacré à la fenaison au cours de laquelle les paysans préparaient le fourrage pour l’hiver. Des artistes russes peignirent les travaux des champs avec beaucoup d’acuité.
Tous les adultes de la famille, hommes comme femmes, participaient à la fenaison. C‘était une période de l’année que les jeunes garçons et filles attendaient avec impatience. Les travaux des champs leur donnaient l’occasion de se promener, de passer du temps ensemble loin des regards indiscrets, de chanter des chansons, de se courtiser. Beaucoup de couples se formaient pendant la fenaison.
Les jeunes garçons et filles mettaient leurs plus beaux habits pour la fenaison. Les garçons portaient des chemises blanches et les filles, des sarafans richement brodés. On chantait les chansons de la saison qui célébraient les faucheurs, qui décrivaient le processus de la fauche et dont certaines paroles étaient plus que des allusions érotiques.
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Lors des récoltes de céréales, chaque famille travaillait pour elle-même. Lors des fenaisons, on mettait ses efforts en commun. Généralement, on allait couper le foin dans des prés éloignés de son village. Les adultes y emmenaient les nourrissons. Ne restaient au village que les anciens et les enfants.
Les villageois s’installaient le long d’un ru ou d’une rivière à l’ombre des arbres. Ils s’y faisaient des huttes ou des abris en toile. Ils faisaient la cuisine dans une marmite accrochée au-dessus d’un feu. Ils prenaient souvent un chien avec eux pour protéger leurs victuailles.
Faucher du foin en prévision de l’hiver est loin d’être une sinécure. Il fallait prendre soin de son outil dont la lame arquée devait être en permanence correctement affûtée. Une fauche bien aiguisée fait un bruit caractéristique. Elle coupe l’herbe facilement et également. Après le passage d’un faucheur expérimenté qui sait entretenir son instrument de travail, la hauteur de l’herbe est la même sur toute la superficie fauchée. Une tondeuse fait à peine mieux. On commençait le travail très tôt, à l’aube, quand la rosée ne s’était pas encore évaporée. L’herbe humide se coupe mieux que la sèche.
Les femmes aussi se levaient très tôt. Avec leurs râteaux, elles étalaient les andains en fines couches pour qu’ils sèchent. Au cours d’une même journée, il fallait retourner ces couches plusieurs fois pour que le foin sèche vite et bien. Dès qu’il se mettait à pleuvoir, elles le ratissaient en petits amas qu’elles étalaient de nouveau une fois la pluie passée.
On travaillait aux champs ensemble et on se restaurait ensemble. Plusieurs familles mangeaient à la même marmite. Généralement, on faisait de la bouillie de blé avec de l’huile et le lard de porc salé qu’il restait de l’hiver. On buvait du kvas que chaque paysanne avait préparé selon sa propre recette.
Après le repas, les adultes se reposaient. Les jeunes garçons et filles partaient à la cueillette aux baies et aux champignons. Si, au village, tous étaient pris par les tâches domestiques, lors des travaux de fenaison, les jeunes jouissaient de beaucoup plus de liberté. Ils faisaient des rondes, jouaient de l’accordéon et de la flûte, chantaient des chansons, se contaient fleurette. Parfois jusqu’au petit matin.
Avant la nuit, on ratissait le foin fraîchement coupé. Le matin, s’il ne pleuvait pas, on l’étalait de nouveau. On amassait le foin séché sur un chariot pour le transporter jusqu’à la grange du village.
Les couples qui s’étaient formés pendant la fenaison pouvaient se marier dès l’automne suivant, après la fin des travaux agricoles. La période des mariages commençait à la fête de l’Intercession (1er/14 octobre).
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