Que montre Constantin Makovski sur son tableau Noce dans une Famille Boyarde?

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Tableaux vivants

Constantin Makovski (1839-1915) était un maître de la peinture historique : ses tableaux représentant des scènes de la vie des boyards étaient très appréciés en Russie et à l’étranger. En 1889, lors de l’Exposition universelle de Paris, il fit fureur et fut distingué d’une médaille d’or. Il reçut la légion d’honneur pour sa toile La Mort d’Ivan le Terrible.

Le peintre était également un grand collectionneur d’antiquités. Il achetait tout ce qui lui plaisait et dont il pouvait avoir besoin pour la composition de ses toiles : vêtements, bijoux, vaisselle et ustensiles, tissus. Il s’en servait pour monter ses « tableaux vivants », une distraction très à la mode à la fin du XIXe siècle. On les présentait lors de festivités à la cour, dans des théâtres, dans des salons à la mode et même dans des théâtres de rue. On reproduisait très minutieusement les décors de telle ou telle toile. Les invités se costumaient et prenaient leur place dans « le cadre ».

Le Tsar Alexis Mikhaïlovitch choisissant une épouse

Constantin Makovski composait avec autant de passion ses « tableaux vivants » que ses toiles sur lesquelles il peignait des scènes de la vie des boyards. Son fils Sergueï se souvenait que son père « se représentait réellement ses tableaux historiques comme des scènes immobiles jouées par des acteurs qui ressemblaient aux gens de l’époque et étaient habillés comme eux ». Ses « tableaux vivants » inspiraient ses tableaux sur toile.

Ce fut exactement ainsi qu’il peignit la Noce dans une Famille Boyarde. Un « tableau vivant » sur ce sujet, qui avait beaucoup de succès, fut monté spécialement pour l’empereur Alexandre III (1845-1894) chez la princesse Anna Narychkina. Il continua à l’être après que Constantin Makovski eut peint et vendu sa toile. On le voit sur une photographie prise par Andreï Karéline, une connaissance du peintre.

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« Boyards, prenez la pose...

Constantin Makovski représentant l’un des rituels les plus pompeux de la Russie des XVIe-XVIIe siècles : le mariage des représentants de deux familles de boyards. Dans une source historique, on peut lire : « Le tsar et la tsarine prennent place à leurs tables ; les boyards, les mariés et leurs familles, aux leurs. Les mets sont apportés. L’on mange et boit jusqu’à ce que le troisième plat, le cygne, ne soit apporté et posé sur la table ». 

Tout sur ce tableau concourt à montrer le luxe dans lequel se déroule ce festin : la décoration de la pièce, les hommes portant des caftans en brocart, les kokochniki des femmes rehaussés de pierres précieuses. Le tableau irradie littéralement la couleur de l’or.

Le cygne rôti qu’apporte un serviteur indique que le festin sera bientôt terminé et que les jeunes mariés se retireront dans leur chambre. Le poulet entamé dans l’assiette devant eux en témoigne également. Il n’était pas d’usage que les jeunes mariés mangent et boivent abondamment durant le repas de fête. Ils n’avaient droit qu’à une petite volaille rôtie. La jeune femme est intimidée, la marieuse la pousse vers son mari pour qu’elle réponde à son baiser.

Les portraits des mariés sont ceux du peintre et de sa seconde femme, Ioulia. Leur fils Sergueï servit de modèle au petit garçon curieux.

... dans le cadre ! »

À l’hiver 1883, la Noce dans une Famille Boyarde fut exposée à la maison d’enchères Kononov à Saint-Pétersbourg, puis à la Société des amateurs des arts de Moscou. Constantin Makovski proposa une scénographie très soignée : les visiteurs passaient dans deux pièces sombres avant d’entrer dans une salle où étaient allumées des lampes à gaz. Cet éclairage donnait l’impression d’être entré dans le tableau.

En 1885, la Noce dans une Famille Boyarde obtient une médaille d’honneur à l’Exposition universelle d’Anvers.

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Au-dessus des moyens du tsar

Constantin Makovski

Le mécène Pavel Tretiakov voulut acquérir la Noce dans une Famille Boyarde, mais le prix de vingt mille roubles qu’en demandait Constantin Makovski lui parut tout à fait excessif. L’empereur Alexandre III s’intéressa également à cette toile. Constantin Makovski accepta finalement la proposition du joaillier américain Charles William Schumann qui mit sur la table quinze mille dollars, soit soixante mille roubles !

La Noce dans une Famille Boyarde fut longtemps exposée dans la vitrine du magasin de son propriétaire à New York. L’entrée dans la boutique pour ceux qui voulaient la voir de près était payante. En quelques années, Charles W. Schumann récolta sept mille dollars dont il fit don à une œuvre de bienfaisance. La toile fut ensuite reproduite sur des cartes postales et des boîtes de chocolats, ce qui contribua à la faire connaître très largement.

Au XXe siècle, elle changea à plusieurs reprises de propriétaires. À la fin des années 1960, Marjorie Merriweather Posten fit l’acquisition. Elle est aujourd’hui exposée avec les autres pièces de sa collection d’art russe au musée Hillwood de Washington.

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