Il y a 80 ans, sortait le légendaire film Ivan le Terrible d’Eisenstein
Ce film est le dernier chef-d’œuvre de Sergueï Eisenstein. Le réalisateur l’a tourné en 1943 suite à son évacuation à Alma-Ata (actuelle Almaty, au Kazakhstan): le scénario a été approuvé par Staline lui-même. Ce dernier a cependant également interdit la diffusion de la deuxième partie de l’œuvre, tandis que la troisième est restée sur papier.
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« Poète de l’idée d’État », c’est ainsi qu’Eisenstein qualifiait Ivan IV, qui a unifié le pays en créant un État centralisé. C’est Joseph Staline qui a eu l’idée de faire un film sur lui. Le réalisateur du Cuirassé Potemkine et d’Alexandre Nevski a alors été choisi parmi tous les candidats possibles. Après avoir reçu la proposition, il ne s’est toutefois pas montré pressé d’accepter et a étudié pendant deux semaines les documents relatifs au « terrible » tsar. Puis, il a donné sa réponse : il ne tournerait pas un, mais trois films. Le premier sur l’accession au pouvoir et la campagne de Kazan, le deuxième sur l’opritchnina et le troisième sur la suite de la politique du souverain.
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Le choix de l’interprète du rôle-titre a été immédiat : Nikolaï Tcherkassov avait brillé dans Alexandre Nevski et avait reçu le prix Staline pour le rôle du prince. Le tournage est devenu un véritable défi : le pouvoir essayait constamment d’accélérer le processus, mais il n’était possible de filmer que de nuit. En journée, il fallait de l’électricité pour alimenter les usines qui travaillaient pour le front. Les spectateurs, qui suivent avec délectation l’action dans les salles du Kremlin, ne se doutent en réalité pas des efforts qu’il a fallu déployer pour les recréer. En effet, la pénurie était telle qu’au lieu de contreplaqué, il fallait parfois fabriquer des « planches » avec les branches des buissons locaux.
Le film est sorti en janvier 1945 et est immédiatement devenu populaire : en un an, il a été regardé par 900 000 personnes. Ivan le Terrible a ainsi reçu le prix Staline. Encouragé par ce succès, Eisenstein a donc envoyé au « petit père des peuples » le deuxième épisode. La réponse du dirigeant s’est néanmoins avérée sans équivoque : interdiction de diffusion. Il estimait que le film présentait trop de parallèles avec son propre régime.
Le réalisateur a été victime d’une crise cardiaque. Il ne s’en remettra jamais. En 1948, Eisenstein nous a quittés. Le deuxième épisode sortira malgré tout, mais en 1958, après la mort de Staline.
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