Six faits captivants sur le film Le Cuirassé Potemkine de Sergueï Eisenstein

Six faits captivants sur le film Le Cuirassé Potemkine de Sergueï Eisenstein
Sergueï Soubbotine/Sputnik
Ce chef-d’œuvre figure dans de nombreux classements des meilleurs films de l’histoire du cinéma mondial. Nous vous expliquons pourquoi.

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Le 18 janvier 1926, la première du film Le Cuirassé Potemkine a eu lieu à l’Électrothéâtre d’État de Moscou (aujourd’hui le cinéma Khoudojestvenny). À cette occasion, la façade du cinéma était décorée d’une maquette de navire de guerre et les guichetiers étaient vêtus de tricots rayés. Le public, surpris, ne savait pas encore qu’il s’apprêtait à assister à un événement historique : le film du jeune réalisateur Sergueï Eisenstein changera à jamais le cinéma mondial.

Basé sur des événements réels

Six faits captivants sur le film Le Cuirassé Potemkine de Sergueï Eisenstein
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Au cours de l’été 1905, une révolte éclata à bord du cuirassé Kniaz Potiomkine Tavritcheski (Prince Potemkine de Tauride). Les marins refusèrent en effet de manger du bortsch à base de viande avariée. Le commandant du navire, le capitaine Evgueni Golikov, les menaça alors et appela la garde. Dans la confusion, des personnes furent arrêtées au hasard. La situation s’aggrava lorsque des bâches furent apportées sur le pont – les marins pensèrent que les fusillades allaient bientôt commencer et se précipitèrent pour se procurer des armes et des munitions. Une mutinerie éclata, au cours de laquelle les rebelles tuèrent le commandant et les officiers. Les survivants s’enfuirent du navire ou furent arrêtés. L’équipage déclara le cuirassé « territoire de la Russie libre » et se dirigea vers Odessa, où une grève générale eut lieu. Le soulèvement sur le cuirassé devint la première révolte militaire du XXe siècle en Russie et l’un des événements clés de la révolution de 1905-1907. C’est cette histoire qui a servi de base au film.

Il devait s’agir d’un épisode d’un film sur la révolution

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Sergueï Eisenstein/Goskino, 1925

Initialement, Sergueï Eisenstein devait réaliser le film 1905 pour le 20e anniversaire de la première révolution en Russie. En raison des délais serrés pour la livraison des images, le réalisateur a cependant décidé de se concentrer sur un seul épisode : le soulèvement sur le cuirassé.

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Le tournage s’est déroulé sur le lieu des faits

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L’équipe de tournage a travaillé à Odessa et à Sébastopol, les épisodes du soulèvement ayant été filmés sur le cuirassé Douze Apôtres et le croiseur Komintern – le véritable Potemkine étant trop délabré à l’époque.

Le tournage sur le premier navire a plutôt chatouillé les nerfs : le cuirassé était à l’époque utilisé comme entrepôt de mines sous-marines. Sa proue a donc été soigneusement réorientée vers la mer pour donner l’impression que le navire était loin du rivage et, selon les dessins qui ont survécu, lui a été donnée l’apparence du Potemkine. Le réalisateur a décrit : « Sous le signe des mines, le travail suit son cours. Interdiction de fumer. Interdiction de courir. Même être sur le pont sans besoin particulier n’est pas autorisé ! Ce n’est pas en vain que les mines s’agitaient dans le ventre du vieux cuirassé et frémissaient au grondement des événements recréés de l’histoire, transportés sur ses ponts. Sa progéniture écranisée a emporté quelque chose de leur puissance explosive dans son voyage en mer… ».

Il est devenu le premier faux documentaire

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Sergueï Eisenstein/Goskino, 1925

Les films de Sergueï Eisenstein se distinguent par leur réalisme et leur authenticité exceptionnels. Ils semblent même être des documentaires plutôt que des films de fiction. C’est pourquoi celui-ci est entré dans l’histoire du cinéma mondial en tant que premier faux documentaire.

L’un des derniers films muets

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Le film a connu plusieurs versions d’accompagnement musical. À l’origine, il était projeté avec des fragments d’œuvres de Beethoven. Néanmoins, pour la distribution en Allemagne, la musique a été écrite par le compositeur Edmund Meisel. Il a utilisé les mélodies des chansons Doubinouchka, La Varsovienne et Vy jertvoïou pali, ainsi que divers bruits et craquements.

Le film a été réédité en 1950 avec la musique de Nikolaï Krioukov, et en 1976 avec des fragments de symphonies de Dmitri Chostakovitch. 

Une approche innovante

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Pour créer un effet visuel dynamique, Eisenstein a utilisé des plateformes mobiles ; la caméra d’Edouard Tissé « volait » ainsi littéralement. Le film a été monté selon une méthode propre au réalisateur : il a divisé les séquences en plusieurs parties, qu’il a ensuite combinées dans un ordre permettant d’obtenir un effet dramatique et une intensité d’émotions maximum. Le réalisateur a également eu recours à des effets spéciaux : des lions de pierre se « réveillent » à l’écran.

Le film en noir et blanc se termine par le drapeau révolutionnaire rouge flottant au-dessus du navire mutin. Pour obtenir cet effet, les auteurs l’ont en réalité colorié à la main sur la pellicule, image par image.

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