Comment Henri Matisse s’est retrouvé en Russie
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Deux ans après leur première rencontre, Chtchoukine a commandé à Matisse des panneaux pour son manoir moscovite et a invité l’artiste à contrôler leur installation en Russie. Peu avant son départ pour le pays des Tsars, Matisse a présenté ses œuvres au Salon d’Automne. Représentant des corps nus, ses toiles La Musique et La Danse ont alors suscité des critiques. Quoique confus au début, Chtchoukine a tout de même encouragé Matisse et a rappelé dans une de ses missives adressées à lui qu’il ne convenait pas de quitter le champ de bataille sans même avoir essayé de lutter.
En octobre 1911, Matisse est arrivé en Russie. Il s’est rendu au Kremlin, à la Galerie Tretiakov ainsi qu’à l’opéra, et a fait la connaissance des poètes Valeri Brioussov et Andreï Biély. Ce dernier a résumé le séjour de l’artiste français à Moscou dans les termes suivants : « Il boit du champagne, mange de l’esturgeon et loue des icônes ».
Les icônes orthodoxes sont en effet devenues une véritable révélation pour Matisse. Il ne cachait pas son émerveillement, déclarant que, lui, il avait mis dix ans à chercher ce que les peintres russes avaient découvert dès le XIVe siècle. Et d’ajouter que, selon lui, les Russes ne se rendaient pas compte des richesses artistiques qu’ils possédaient.
Quant à la ville, comme il l’a écrit à Manguin, Moscou avait un visage propre à elle, primitif, absolument merveilleux et quelque peu sauvage.