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La Maison russe au Niger, cet îlot de langue et de culture russes en Afrique de l’Ouest

Maison russe au Niger
Depuis son ouverture à Niamey à l’automne 2024, ce centre culturel a activement développé des partenariats avec les universités locales et proposé des événements captivants aux habitants intéressés par la langue et la culture russes. Qu’a-t-il à offrir aujourd’hui à un Nigérien passionné par la Russie?

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À l’automne 2025, une nouvelle étape s’est ouverte dans la vie d’Abdoulaye Hamey Yahaya, un Nigérien de 19 ans. Après avoir quitté son pays natal, il s’installe dans la Sibérie lointaine et froide pour étudier à l’Université technique d’État de Novossibirsk. Ce projet a pu se concrétiser grâce au soutien de la Maison russe de Niamey.

Opérant sous l’égide du Centre de diplomatie populaire, elle a ouvert ses portes dans la capitale du Niger en octobre 2024. Le centre ne se contente pas d’offrir à tous l’opportunité de s’immerger dans la culture russe et d’étudier la langue de Pouchkine. Sa mission principale consiste plutôt à établir des liens entre les universités locales et les établissements d’enseignement supérieur russes, principalement techniques.

Maison russe au Niger

Selon la directrice de la Maison russe, Valentina Kolesnikova, les jeunes Nigériens manifestent un vif intérêt pour la possibilité de faire leurs études en Russie car le système éducatif russe jouit d’une excellente réputation ici et est également plus accessible que celui de nombreux pays européens. « Même si nous venons de commencer nos activités au Niger, nous avons déjà réussi à envoyer 48 personnes étudier en Russie. La répartition géographique de leurs universités russes est très diversifiée : les habitants du Niger sont partis étudier non seulement à Moscou et Saint-Pétersbourg, mais aussi à Tomsk, Kazan, Oufa et de nombreuses autres villes russes », relate Kolesnikova dans son commentaire à Fenêtre sur la Russie.

Département préparatoire technique

Le projet, qui permet aux Nigériens de faire leurs études en Russie, s’appelle « département préparatoire technique ». Il est mis en œuvre sur la base de l’Université Abdu Mumuni. Dans ce cadre, les étudiants nigériens suivent pendant neuf mois, de novembre à mai, des cours en ligne de russe ainsi que d’autres matières, telles que les mathématiques et la physique, elles aussi enseignées dans la langue de Pouchkine. Une fois cette formation préparatoire terminée, les étudiants peuvent postuler dans des universités russes.

En règle générale, ils déposent leur dossier via le site education-in-russia.com. Cependant, il existe une autre bonne alternative : le concours éducatif Будущее Сибири (Avenir de la Sibérie), organisé par l'Université technique d'État de Novossibirsk. C’est ainsi qu’Abdoulaye Hamey Yahaya, de l’Université de Zinder, s’est retrouvé en Sibérie. 

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À l’origine, le jeune homme était fasciné par le développement scientifique de la Russie et ses avancées en ingénierie. Le fait que de nombreux Africains diplômés en Russie occupent par la suite de bons postes dans leur pays natal a également joué un rôle important dans sa décision de rejoindre le département préparatoire technique. « Bien sûr, la langue russe en elle-même m’a aussi attiré : exigeante au début, mais logique, belle et riche », nous confie-t-il.

Abdoulaye Hamey Yahaya admet qu’apprendre le russe en ligne n’a pas été facile au début, surtout qu’il partait de zéro. La plus grande difficulté a été la maîtrise de l’alphabet cyrillique, la prononciation de certains sons comme « ч », « щ » et « ц », la conjugaison des verbes et l’emploi des verbes de mouvement. Avec le temps, tous ces obstacles ont fini par sembler moins redoutables. « Les enseignants m’ont beaucoup aidé : répétitions, exemples concrets, exercices oraux… Leur pédagogie m’a beaucoup fait progresser », raconte le Nigérien.

Maison russe au Niger

Aujourd’hui, alors qu’Abdoulaye Hamey Yahaya se dépêche dans la neige pour rejoindre ses cours à l’Université technique d’État de Novossibirsk, en rêvant d’appliquer plus tard les connaissances acquises en Russie à des projets d’infrastructure dans son pays, il a encore du mal à croire que son rêve est devenu réalité. « En effet, partir étudier en Russie depuis l’Afrique n’est pas si simple, commente Kolesnikova. Et ce n’est pas seulement difficile pour les étudiants, mais aussi pour nous, en tant qu’intermédiaires : il est nécessaire de rassembler un dossier volumineux et de réussir un processus de sélection rigoureux ». Selon Valentina, dans ces conditions, il est quasiment impossible de garantir quoi que ce soit. « Nous ne pouvons pas affirmer avec une certitude absolue que l’étudiant finira par se retrouver en Russie, mais nous pouvons promettre certaines choses : de nouvelles connaissances, des rencontres, de nouvelles perspectives », sourit Kolesnikova.

Pour différents publics et différents objectifs

Bien entendu, la Maison russe ne travaille pas uniquement avec ceux qui apprennent le russe dans le but d’intégrer un établissement d’enseignement supérieur en Russie. Son programme propose des cours de langue de Pouchkine à des publics très variés. Cette année, le nombre maximal de Nigériens qui les ont suivis a atteint 400 personnes.

Parmi eux, on trouve des élèves suivant des cours dans les locaux de la Maison russe (3 groupes enfants, 7 groupes adultes, 1 groupe pour les personnes âgées), des étudiants de deux universités nigériennes (Institut de formation agro-industrie et de commerce et Institut tunisien privé de santé) qui suivent les cours de russe dans leurs propres établissements (6 groupes, 3 par université), ainsi que des fonctionnaires du Ministère des Affaires étrangères (3 groupes). « Nous prévoyons également de créer des groupes pour SONIBANK et avons proposé des cours de langue russe avec terminologie militaire au ministère de la Défense et au Corps des cadets présidentiel », explique Kolesnikova.

Maison russe au Niger

Cette année, les étudiants de la Maison russe atteignent le niveau A1. Presque tous les cours ont lieu 2 à 3 fois par semaine, toujours en ligne : avec l’aide du personnel de la Maison russe, un professeur de russe langue étrangère, spécialement sélectionné, se connecte à la classe virtuelle. Seuls les groupes « enfants » font exception, le professeur travaillant avec eux en présentiel.

Même si beaucoup parmi les adultes préfèreraient, eux aussi, des cours offline, ils n’ont pas l’intention d’abandonner l’apprentissage à distance de la langue de Pouchkine. « C’est un ami à moi qui m’a parlé des cours de la Maison russe à Niamey, nous confie l’un des auditeurs les plus âgés, Kimba Bonkano Hamadou, 60 ans. J’ai décidé de tenter un cours, mais si quelque chose ne me plaisait pas, j’arrêterais immédiatement. Finalement, je suis resté et je suis aujourd’hui encore plus motivé que l’ami qui m’y a invité ».

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Pas seulement la langue, mais aussi la culture

Outre les cours de russe, la Maison russe du Centre de diplomatie populaire propose aux Nigériens de nombreux événements qui permettent d’élargir leurs connaissances sur la Russie. « Comme on le dit, la langue est plus qu’un outil de communication, c’est une fenêtre sur une culture, une histoire, une identité », explique un étudiant issu du ministère des Affaires étrangères.

Par exemple, le public local est conquis par le cycle de conférences intitulé « À la découverte de la Russie », accessible également au public extérieur. « Nous choisissons des thèmes très variés, souvent intuitivement, allant du système éducatif russe aux traditions gastronomiques ou, par exemple, à l’art du cirque. Ces événements font toujours salle comble », raconte Valentina Kolesnikova.

Maison russe au Niger

Elle raconte que les Nigériens, passionnés de sport dans toute sa diversité, sont un public particulièrement curieux pour les drames sportifs russes, tels que Trois Secondes et Le Légendaire no 17. La Maison russe complète cette offre par des projections régulières de films soviétiques, qui, d’après Kolesnikova, sont une véritable clé pour comprendre la mentalité russe et rencontrent un vif succès auprès des russophiles. « Comme beaucoup de parents viennent avec leurs enfants, nous avons aussi commencé à projeter des films dynamiques pour enfants, comme Le Conte du temps perdu », nous confie-t-elle.

Outre les conférences, les projections de films, les concerts et autres événements, la Maison russe abrite en permanence un Club de discussions et un Club de lecture. « Le Centre de diplomatie populaire renforce activement sa présence dans le pays, propose diverses options de formation et de coopération, et toutes ces initiatives rencontrent un écho très favorable auprès de la population locale », déclare Kolesnikova.

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