La plus grande église catholique de Russie en cinq faits
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Сapacité d’accueil de cinq mille personnes
À la fin du XIXe siècle, il y avait à Moscou deux églises catholiques qui ne pouvaient accueillir tous les fidèles de la ville, dont le nombre dépassait les trente mille. Pour la plupart, il s’agissait de Polonais, qui travaillaient à la construction de la ligne de chemin de fer Moscou-Smolensk, et d’étrangers. La communauté polonaise collectа les fonds nécessaires à l’achat d’un terrain, près de la gare qui porte aujourd’hui le nom de Biélorussie.
À l’époque, ce quartier était excentré et loin des grands monastères et églises orthodoxes de la ville. Ce fut pourquoi les autorités locales donnèrent leur accord à la construction d’un lieu de culte pouvant accueillir cinq mille fidèles. Pour comparaison, avant sa destruction, sept mille fidèles pouvaient se rassembler en la cathédrale du Christ Sauveur. La capacité d’accueil de Notre-Dame-de-Paris est de six mille personnes.
En 1905, Nicolas II (1868-1918) édita un manifeste de tolérance religieuse. Il eut pour conséquence un accroissement du nombre de catholiques à Moscou et dans l’Empire. Les sujets russes orthodoxes n’avaient plus à craindre de se convertir au catholicisme et devenir les fidèles d’une Église gréco-catholique.
En dépit de sa taille, l’église de l’Immaculée-Conception fut jusqu’en 1919 une annexe de l’église des Saints-Apôtres-Pierre-et-Paul (aujourd’hui fermée au culte).
Une église de style néo-gothique
La communauté polonaise qui finança la construction de cette nouvelle église s’adressa à l’architecte Tomasz Bohdanowicz-Dworzecki, un descendant d’une vieille famille aristocratique polonaise. Il ne respecta aucune des conditions imposées par les autorités de Moscou, à savoir l’absence d’ornementation, de tours et de sculptures. Tomasz Dworzecki s’inspira de l’abbaye de Westminster et de la cathédrale de Milan. Le choix du style en vogue à l’époque, le néo-gothique, explique les voûtes en ogive, les petites tours élancées vers le ciel et les ornements cruciformes.
La construction de cet immense lieu de culte commença en 1899 et s’acheva seulement en 1911. Il fallut encore cinq ans pour mener à bien l’aménagement intérieur.
Église reconvertie en bureaux à l’époque soviétique
Le pouvoir bolchévique commença à lutter contre les religions dès son arrivée au pouvoir. L’église de l’Immaculée-Conception fut fermée au culte en 1938 et ses trésors confisqués. L’année précédente, son desservant, le Polonais Michał Cakul, avait été convaincu d’espionnage et fusillé.
Durant la période soviétique, le bâtiment fut endommagé par plusieurs incendies. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut bombardé à plusieurs reprises. Après la guerre, les tours et les flèches furent démolies. Il ne restait donc plus grand chose de l’église construite au début du siècle.
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L’immense volume intérieur fut divisé en étages. Au rez-de-chaussé, on ouvrit des entrepôts, notamment de légumes. Plusieurs étages étaient occupés par un foyer collectif. D’autres par les bureaux de dessin industriel de Mosspetspromproiekt.
Cathédrale de l’archidiocèse de la Mère de Dieu
Durant la péréstroïka, lorsque la pratique religieuse fut nettement moins entravée que pendant les décennies précédentes , nombre d’églises furent rendues aux Églises auxquelles elles avaient appartenu. La communauté polonaise demanda alors que celle de l’Immaculée-Conception soit rouverte au culte. La première messe fut dite sur les marches de l’église en 1990 par le prêtre Tadeusz Pikus. Plusieurs milliers de fidèles s’y pressèrent.
Après en avoir appelé personnellement au président de la Fédération de Russie Boris Eltsine, la communauté polonaise obtient en 1996 seulement que Mosspetspromproiekt libère les locaux qu’il occupait dans l’église. La restauration du bâtiment prit fin en 1999. Aujourd’hui, il est la cathédrale de l’archidiocèse de la Vierge Marie placé sous la juridiction de l’Église catholique romaine. Les offices y ont lieu en plusieurs langues et l’on peut en suivre la retransmission en ligne.
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La cathédrale accueille également régulièrement des concerts de musique classique. Les mélomanes peuvent y écouter de la musique jouée sur les grands orgues.
Un morceau du voile de la Vierge est conservé dans l’autel principal
À l’époque soviétique, de nombreux éléments décoratifs de l’intérieur de l’église furent détruits. Ils ne furent pas restaurés durant la seconde moitié des années 1990. Le chœur actuel est très différent de celui qui existait avant la Révolution d’Octobre. Il était alors occupé par un retable gothique.
Aujourd’hui, le chœur abrite un Christ en croix. La croix elle-même est en bois. Les figures du Christ, de la Vierge et de saint Jean sont en plâtre. On doit cette œuvre à Sviatoslav Zakhlebkine.
Plusieurs reliques sont conservées dans l’autel : des morceaux de celles de l’apôtre André et du voile de la Vierge Marie à qui est consacrée l’église. Ces dernières sont un don de l’évêché de Vérone. Ce fut l’archevêque Tadeusz Kondrusiewicz, qui fit tant pour que l’église de l’Immaculée-Conception soit rendue au culte, qui les reçut.
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