Docteur indienne en ayurveda, elle narre ses quatre années de vie à Saint-Pétersbourg

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Archives personnelles
Medona Tomi soigne les Russes depuis plusieurs années et affirme qu’ils ont les mêmes problèmes de santé que les Indiens. Sauf que les Russes sont plus stressés.

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La version originale et complète de l’article en russe a été publiée par Nation magazine.

En Russie, l’on demande souvent au docteur Medona Tomi de quelle caste elle est issue. Elle répond en riant qu’elle est chrétienne et que les chrétiens indiens ne sont pas divisés en castes. Son prénom, Medona, est un dérivé de « Madonna ». Sa mère, catholique, a donné à ses enfants des noms bibliques : Medona a une sœur nommée Marie, tandis que son frère est appelé Joseph.

La jeune femme a grandi dans la ville d’Alleppey, dans l’État indien du Kerala. Elle est titulaire d’une licence en ayurveda et en chirurgie traditionnelle. Depuis 2019, elle vit à Saint-Pétersbourg et travaille au centre ayurvédique Ayurdara.

La neige, ce miracle

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Avant de venir en Russie, Medona ne connaissait pas grand-chose de ce pays septentrional. Elle possédait une poupée matriochka offerte par un patient russe en Inde. Elle avait également vu des photos des ponts levants de Saint-Pétersbourg.

« J’ai essayé d’imaginer la neige. Je pensais : comment est-elle au toucher ? À quel point est-elle froide ? À quoi ressemble-t-elle quand on la regarde de près ? Je suis venue ici en mai, et l’on pourrait dire, de quelle neige est-il question à une telle période ? Et soudain, quelques jours plus tard, des flocons blancs sont tombés du ciel ! C’était un miracle duveteux – et mon enfant intérieur était heureux », raconte Medona.

La jeune femme admet qu’elle est venue ici l’esprit clair, sans craintes ni attentes. Elle s’est vite rendu compte qu’il fallait plus d’efforts pour entamer une conversation avec un inconnu en Russie qu’en Inde. « Mais si vous avez déjà commencé à communiquer, les gens sont prêts à vous aider. Même si nous ne nous comprenons pas vraiment ».

Premières rencontres et promenades sans fin

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Sa première connaissance proche a été une actrice du nom de Kristina. Medona l’a rencontrée par hasard dans un café. Kristina lui a demandé l’heure, et lorsqu’elle a réalisé que Medona ne parlait pas russe, elle est passée à l’anglais. « Nous avons sympathisé et nous nous sommes promenées. Grâce à elle, j’ai vu le vrai Saint-Pétersbourg : les musées, les théâtres, les parcs où les gens dansent. J’ai aussi vu le ballet du Lac des cygnes. C’était magnifique ! ».

Medona explique qu’en Inde, les gens ne se promènent pas tellement à pied : ils prennent un vélo, un tuk-tuk ou un pousse-pousse et vont où ils veulent. « À Saint-Pétersbourg, la marche est un mode de vie, une tradition. Je m’y suis habituée et maintenant je marche aussi beaucoup. D’ailleurs, en Inde, à sept heures du soir, des parents auraient déjà dit à leur fille qu’il était temps de rentrer à la maison, mais ici, je marchais autant que je voulais et je me sentais en sécurité et indépendante ».

Famille et mari en Russie

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Les parents de Medona lui ont déjà rendu visite à Saint-Pétersbourg. Par ailleurs, son frère prévoit de venir l’année prochaine. « Maman a été surprise par tout : les baies, les champignons, les pommiers l’ont émerveillée. Elle a même ramené tout cela à la maison ».

Quant à son père, il s’est montré plus intéressé par l’architecture. « Il avait mal au genou, mais marchait quand même beaucoup, car rien que pour l’Ermitage, il faut beaucoup de forces ! Il a même grimpé 200 marches pour atteindre la colonnade de la cathédrale Saint-Isaac, d’où l’on a bien sûr la meilleure vue sur la ville ».

Medona plaisante aussi en révélant que la Russie lui a donné un mari. Il s’agit de l’un de ses compatriotes, également docteur en ayurveda, l’un des responsables du centre où elle travaille. « Nous nous sommes rencontrés ici, à Saint-Pétersbourg. Lorsque mes parents sont arrivés, il leur a demandé ma main ».

La plus forte impression de la Russie

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Medona a été très impressionnée par la beauté et l’ampleur de la résidence impériale de Peterhof.

La jeune femme s’émerveille également du changement des saisons. « En Inde, le temps, pourrait-on dire, est toujours le même, toutes les saisons sont floues. Et ici, j’ai vu un printemps multicolore, un été vert, un automne doré, un hiver blanc – c’est très beau ! ».

Medona a déjà fêté deux Noël et deux Nouvel An en Russie, et ils l’ont également surprise. « Bien sûr, j’avais entendu dire que les Russes célébraient ces fêtes hivernales de manière très large et élégante, mais c’est une chose d’entendre, et une autre de voir des guirlandes briller, de la neige, des festivités traditionnelles ! ».

Medona a également apprécié le fait qu’en Russie, « l’égalité entre les hommes et les femmes est perceptible ».

Ce qu’elle n’a cependant pu adopter, c’est la tradition russe de boire du thé et de manger en même temps. « Dans notre pays, il s’agit de deux processus différents ! ».

Patients russes et ayurveda

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L’ayurveda est un système de médecine indienne. Comme le dit le docteur Tomi, il ne s’intéresse pas aux organes individuellement, mais à la personne dans son ensemble.

Les patients russes viennent le plus souvent pour des problèmes digestifs et hormonaux, ainsi que pour des maladies articulaires. Ces dernières années, les gens sont trop souvent assis devant l’ordinateur et commencent à se plaindre de douleurs dorsales.

« Mais les patients indiens en souffrent également, notamment de problèmes digestifs. Les problèmes sont les mêmes pour tous. Et il y a une réponse simple à tout : si vous dormez normalement, si vous mangez bien et si vous essayez de prendre soin de votre système nerveux, tout ira bien ».

Toutefois, le problème spécifique aux Russes est sans aucun doute le stress et ses conséquences. Selon Medona, cette problématique est très présente en Russie.

« Souvent, nous sommes trop occupés, nous nous précipitons, nous courons. Nous ne nous entendons pas nous-mêmes. Il faut s’arrêter et identifier clairement les problèmes qui nous dérangent. Numérotez-les. Le cerveau percevra alors ces problèmes comme des tâches à résoudre. Et il commencera à les résoudre ! ».

Comment Medona a changé après quatre années en Russie

« Aujourd’hui, lorsque je viens en Inde, je dis "Bonjour" en russe à tout le monde », s’amuse-t-elle.

Medona Tomi a également commencé à respecter les règles et les traditions russes : « Je ne serre pas la main à travers le seuil, j’aime le sarrasin, j’adore les champignons et les baies. J’ai appris à faire des crêpes et j’ai fait la connaissance de beaucoup de Russes. Et vous savez ce que je pense ? Vous et moi sommes très semblables ».

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