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Trois femmes qui se firent passer pour des hommes pour monter au front

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Elles voulaient défendre leur pays les armes à la main. Que cela ait été dans la Russie d’Ancien Régime ou en URSS, elles n’eurent d’autre moyen pour ce faire que de recourir à la ruse.

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1. Nadejda Dourova (1783-1866)

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Dès l’enfance, Nadejda Dourova avait été un garçon manqué. « La selle fut mon premier berceau ; les chevaux, les armes et la musique militaire, mes premiers jeux et amusements ».

Elle ne put trouver le bonheur dans le mariage. En 1806, trois ans après la naissance de son fils, elle coupa ses nattes, dénicha un uniforme militaire et partit pour la guerre contre la France. C’était à l’époque où le Royaume-Uni, la Russie, la Suède et la Prusse avaient formé la Quatrième Coalition.

Sous le nom d’Alexandre Alexandrov, elle fut incorporée dans un régiment de cavalerie : elle montait à cheval et maniait le sabre à la perfection. Pour avoir sauvé la vie d’un officier blessé, elle fut décorée de la Croix de Saint-Georges et promue officier.

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Lorsque la véritable identité de Nadejda Dourova fut découverte, le commandement de son régiment voulut la renvoyer dans ses foyers. Elle en appela directement à l’empereur Alexandre Ier qui lui accorda de rester dans l’armée.

« Le cavalier-femme » combattit bravement l’ennemi français pendant la Campagne de Russie et fut même ordonnance du général Mikhaïl Koutouzov. Elle servit jusqu’au grade de capitaine d’état-major (Stabsrittmeister) et prit sa retraite en 1816. Elle se consacra ensuite à l’écriture de ses mémoires.

2. Kira Bachkirova (1898-1987)

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Au début de la Première Guerre Mondiale, Kira Bachkirova avait 16 ans et faisait ses études dans une école pour filles de Vilno (Vilnius). Elle prit la décision de rejoindre le front.

Elle coupa ses nattes, vendit une partie de ses affaires et s’acheta un uniforme militaire. Elle subtilisa sa carte d’écolier à son cousin Nikolaï Popov et rejoignit un régiment d’infanterie à Łódź.

Son subterfuge fonctionna : elle fut intégrée dans une unité. Elle combattit bravement et fut décorée de la Croix de Saint-Georges (4ème grade). Son stratagème fut découvert lorsqu’elle fut hospitalisée.

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On la renvoya chez elle. Mais la jeune fille au tempérament volontaire chercha à rejoindre une autre unité. Elle échoua à se faire une nouvelle fois passer pour un homme mais fut autorisée à rester sous son vrai nom.

Durant la Grande Guerre Patriotique, elle servit comme infirmière dans un hôpital militaire de Mourmansk. Elle fut décorée des médailles « du mérite militaire » et « de la défense des régions polaires soviétiques ».

3. Evdokia Zavali (1924-2010)

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Au début de la Grande Guerre Patriotique, Evdokia Zavali servait comme infirmière dans un régiment de cavalerie. Après avoir été grièvement blessée, elle fut versée dans un régiment de réserve. Ce fut là que des recruteurs de volontaires pour le front la prirent pour un homme.

Elle avait les cheveux coupés très court. Ses prénom et patronyme sur ses papiers militaires avaient été écrits en abrégé : Завалий Евдок. Ник., les recruteurs les lurent comme Завалий Евдокuм Николаевич. Le soldat Zavali ne chercha pas à les convaincre qu’elle était une femme et fut envoyé rejoindre l’infanterie de marine dans le Caucase du Nord.

« J’ai réussi à tenir à peu près un an. Personne ne soupçonna rien, se souvenait Evdokia Zavali. Tout le monde me prenait pour "son camarade". Après que j’eus fait prisonnier un officier allemand près de Mozdok, on me transféra dans le renseignement et je devins bientôt commandant ».

Elle fut blessée lors d’un combat et la vérité sur le « camarade Evdokim » éclata. Elle ne fut pas renvoyée à l’arrière. Bien au contraire, la jeune femme, qui avait su gagner la confiance de ses hommes, suivit une formation pour devenir sous-lieutenant.

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On lui confia ensuite le commandement d’une section de mitrailleurs. La jeune femme faisait preuve d’un tel courage et d’une telle vaillance que cinquante hommes bien entraînés se soumettaient à ses ordres sans broncher.

Les Allemands la surnommèrent « Frau Mort Noire ». Elle participa à la libération de la Crimée, de la région d’Odessa où elle était née, de la Yougoslavie et de la Hongrie. Elle fut décorée de quatre ordres et de dizaines de médailles.

Blessée quatre fois, contusionnée deux fois, elle renonça à poursuivre sa carrière militaire et retourna à la vie civile en 1947. « Après la guerre, j’ai longtemps rêvé que je montais à l’attaque. Mes cris épouvantaient mesvoisins », raconta Evdokia Zavali.

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