Comment le virtuose Vassili Andreïev fit-il connaître la balalaïka dans le monde entier?
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Jusqu’à la fin du XIXe siècle, la balalaïka était un instrument de musique dont jouaient uniquement les paysans : elle accompagnait l’interprétation des chansons grivoises chantées par les femmes (частушки / tchastouchki) et des autres chansons folkloriques. Il ne serait venu à l’esprit de personne de croire qu’elle pouvait sortir des villages pour trouver sa place sur des scènes de spectacle. Sauf à celui du musicien Vassili Andreïev.
Instrument folklorique
Vassili Andreïev, né dans une famille noble de Bejetsk dans la gouvernement de Tver, avait une passion pour la musique depuis l’enfance : lorsqu’il était au lycée, il apprit à jouer du violon auprès d’un professeur et de plusieurs autres instruments seul. Il donnait souvent des concerts qui divertissait un public issu du même milieu que lui.
Vassili Andreïev racontait qu’il avait entendu un jour un ouvrier jouer de la balalaïka. Le son original que produisait l’instrument et le rythme de la mélodie le frappèrent : « Je me souviens qu’à ce moment-là une pensée marqua mon esprit au fer rouge : jouer moi-même de la balalaïka et faire atteindre au jeu de cet instrument la perfection ! ».
Le jeune homme n’apprit pas seulement à maîtriser la balalaïka. Il en établit les standards de taille, de tessiture et de fabrication. Un menuisier de sa région lui en confectionna une. Vassili Andreïev travailla à l’amélioration de cet instrument à cordes pincées jusqu’à lui donner l’aspect et les caractéristiques qu’il a jusqu’à aujourd’hui.
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Avant que Vassili Andreïev ne s’y intéresse, chaque joueur de balalaïka choisissait à sa convenance la tessiture de son instrument. Vassili Andreïev parvint à en imposer une unique pour chaque taille et commença à se produire en concert. Le public et les critiques furent enchantés par le génie de son jeu sur un instrument aussi « simple ».
Instrument folklorique et queue de pie
En collaboration avec les luthiers Frantz Passerbski et Semion Nalimov, Vassili Andreïev mit au point plusieurs tailles de balalaïka d’orchestre : piccolo, prima, alto, ténor, basse et contrebasse. Il put ensuite créer des ensembles de musiciens professionnels qui jouaient des partitions sophistiquées.
En 1887, Vassili Andreïev fonda le « cercle de joueurs de balalaïka » qui, l’année suivante, donna son premier concert à Saint-Pétersbourg. Des musiciens professionnels en queue de pie interprétaient des chansons folkloriques russes et des morceaux de musique classique arrangés pour la balalaïka devant un public choisi de la capitale ! C’était tellement original que l’ensemble connut un succès immédiat.
En 1889, il fit un triomphe à Paris, où il était venu se produire à l’occasion de l’Exposition universelle. Ce fut le début d’une reconnaissance internationale gagnée au fil de concerts donnés en Europe et aux États-Unis.
Orchestre russe Andréïev
En 1897, le cercle des joueurs de balalaïkas accueillit des joueurs d’autres instruments folkloriques – dombras et gousli – et devint l’Orchestre Grand-Russien, renommé en 1914 en Orchestre impérial. Des programmes d’enseignement du jeu de dombra et de balalaïka furent développés. Ce sont des instruments qui ont aujourd’hui leur place dans les conservatoires.
Après la mort de son fondateur en 1918, l’orchestre d’instruments folkloriques resta fidèle à son esprit. En 1961, il reçut le nom d’Orchestre populaire russe Andreïev. Aujourd’hui, il regroupe une soixantaine de musiciens professionnels de balalaïka, de dombra, de gousli, de baïan et d’instruments folkloriques à vent et à percussion.
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