Les huit décrets les plus curieux imposés par les tsars à leurs sujets
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Ne pas boire plus d’un gobelet d’alcool
En 1647 , le tsar Alexeï Mikhaïlovitch (1629-1676) déclara la guerre à l’alcoolisme. Sa première mesure interdit aux moines du monastère de l’archipel des Solovki de garder des boissons alcoolisées dans leurs cellules . Deux ans plus tard , cette mesure fut étendue à tous les monastères. Au début des années 1650, le tsar imposa une réforme des cabarets : leur nombre fut réduit, le prix des boissons alcoolisées, multiplié par trois ; leur vente à crédit, proscrite ; le volume par personne, limité à l’équivalent de quinze centilitres. Par ailleurs, la vente d’alcool était interdite les dimanches et pendant les carêmes, soit environ pendant cent quatre-vingts jours de l’année. Produire de la vodka de contrefaçon était sévèrement puni : d’une amende à la première infraction, du fouet et de la prison en cas de récidive.
Ne pas exporter de rhubarbe
Au XVIIe siècle, la rhubarbe qu’on trouvait à Moscou provenait de Chine. On l’utilisait comme remède contre les désordres gastriques et comme colorant qui donnait une teinte dorée. C’était une plante extrêmement chère : un poud (environ seize kilogrammes) coûtait quarante roubles ! C’est-à-dire approximativement le même prix qu’un poud de soie de bonne qualité.
Le commerce de la rhubarbe fut prohibé. Il devint quasi monopole du Trésor. À la fin du XVIIe siècle, il était interdit d’en faire exporter de Sibérie. Sous les impératrices Anna (1693-1740) et Élisabeth (1709-1761), la rhubarbe devint un « produit destiné à assurer des revenus au Trésor ». Les particuliers n’avaient pas le droit d’acheter de « l’or de Sibérie » et le Trésor maintenait son cours à un niveau très élevé. Les contrevenants s’exposaient à des peines dissuasives, dont « les tortures les plus cruelles ».
Ne pas clouter les semelles de ses chaussures
On sait bien que Pierre Ier (1672-1725) avait l’esprit pratique. Il trouvait le temps de réfléchir à des choses aussi pratiques que l’état des ponts en bois de Saint-Pétersbourg. Pour que la partie supérieure de leurs tabliers ne s’use pas trop rapidement, le tsar signa en 1715 un décret prohibant le port de chaussures aux semelles cloutées. Les contrevenants s’exposaient à de très lourdes peines : les amateurs de mode à des amendes conséquentes et les marchands, au bagne et à la confiscation de leurs biens. À mesure que les dispositions de ce décret furent connues dans la ville, ses rues se vidèrent les unes après les autres. L’année suivante, Pierre Ier exigea également par décret que tous les propriétaires de Saint-Pétersbourg pavent les morceaux de rue devant leurs maisons sur une largeur équivalant environ à deux mètres.
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Coudre des boutons sur le parement de son uniforme
Pierre Ier obligea également à coudre des boutons sur les parements des uniformes. La raison en était simple : le tsar voulait inculquer les bonnes manières aux soldats et leur ôter toute envie de s’essuyer la bouche pendant les repas avec leurs manches. Cette mesure devait aussi permettre aux uniformes de servir plus longtemps.
Porter une perruque
Il est des décrets qui ne sont motivés ni par des raisons politiques, ni par des raisons économiques, mais uniquement par le goût du beau. Par exemple, celui que prit l’impératrice Élisabeth après que lui fut appliquée une poudre de mauvaise qualité qui lui avait collé les cheveux. On les lui teignit en noir, mais cela ne permit pas de masquer les effets du produit cosmétique. L’impératrice se fit alors couper les cheveux très court et se mit à porter des perruques. Elle ordonna alors à toutes les dames de la cour de faire de même. Elles durent alors suivre l’exemple de la souveraine : elles sacrifièrent leur chevelure et se mirent à porter des perruques noires.
Envoyer des chats à la cour
En octobre 1745, l’impératrice Élisabeth signa peut-être le décret le plus sympathique de l’histoire russe : « De la fourniture de chats ». Elle y exigeait : « à Kazan, attraper les plus gros et les meilleurs chats castrés aptes à la chasse aux souris et les envoyer à la cour de sa Majesté impériale à Saint-Pétersbourg ». Cet ordre fut exécuté et de terribles fauves prirent alors leurs aises au palais d’Hiver.
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Ne pas porter de chapeaux ronds et ne pas danser la valse
Décidé à lutter contre tout ce qui pouvait rappeler la Révolution française et contre la liberté de penser, l’empereur Paul Ier (1754-1801) imposa une impressionnante liste de prescriptions à ses sujets. Les femmes avaient interdiction de rehausser leurs robes de rubans colorés passés en bandoulière. Les hommes devaient porter uniquement des tricornes ou des bonnets. Les chapeaux à large bord à la française étaient proscrits. Il leur était également interdit de remplacer les boucles de leurs chaussures par des rubans. Ils ne pouvaient porter de favoris. La valse fut prohibée. Les mauvaises langues ne tardèrent pas à faire courir le bruit que ces interdictions étranges évitaient à l’empereur de montrer que sa barbe poussait mal et qu’il était un piètre danseur.
Ne pas conduire d’ours dans les rues
Le métier de montreurs d’ours exista longtemps en Russie. Ils dressaient ces animaux pour faire quelques dizaines de trucs pour amuser le public des foires. Ils les déguisaient en jeune fille, en soldat avec son fusil ou en paysan éméché. En 1865 fut créée la Société russe de protection des animaux qui décida de sauver les plantigrades martyrisés. Deux ans plus tard, le tsar Alexandre II (1818-1881) signa le décret prohibant le métier de montreur d’ours.
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