«Maison à l’oreille»: quand art et science mathématique sont en parfaite harmonie 

«Maison à l’oreille»: quand art et science mathématique sont en parfaite harmonie 
Denis Esakov, Wikimedia Commons, License CC-BY-SA-4.0
Sur une façade d’un des deux bâtiments de l’Institut économico-mathématique central de Moscou, l’objet mathématique qu’est le ruban de Möbius est redevenu une œuvre d‘art.

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En 1963, au sein de l’Académie des sciences de l’URSS était créé l’Institut économico-mathématique central (ЦЭМИ). Il avait alors pour mission d’améliorer la gestion et la planification économiques du pays grâce aux méthodes mathématiques et à l’utilisation des ordinateurs.

En 1965, la décision fut prise de construire un bâtiment pour accueillir les chercheurs de l’Institut et le matériel dont ils avaient besoin. Le quartier choisi fut celui de Profosoyouzna, où le nouveau bâtiment de l’Institut de l’information scientifique en sciences sociales de l’Académie des sciences (ИНИОН) commençait à sortir de terre.

«Maison à l’oreille»: quand art et science mathématique sont en parfaite harmonie 
Denis Esakov, Wikimedia Commons, License CC-BY-SA-4.0

Le projet fut confié au bureau d’architecture de Léonide Pavlov (1909-1990). Il proposa de coller l’un à l’autre deux immeubles parfaitement carrés. Le plus grand et le plus massif devait être réservé aux ordinateurs. Dans le second, que ses façades en verre rendent plus léger, devaient se trouver les bureaux des chercheurs. Lorsque la construction de l’ensemble fut achevée en 1977, les ordinateurs n’étaient plus aussi volumineux qu’au cours de la décennie précédente et des bureaux furent aussi installés dans le plus grand des deux bâtiments.

On retrouve la forme du carré sur une des façades en verre de l’Institut. Il fait 12,8 mètres de côté, soit un millionième du diamètre de la Terre. Dans ce carré de béton s’inscrit une mosaïque multicolore réalisée par Vladimir Vassiltsov (1932-2008) et sa femme Eléonora Jarénova (née en 1934). Il s’agit d’une boucle de Möbius, ce ruban sans fin, sans сôté ni intérieur, ni extérieur.

S’il porte le nom de Ferdinand Möbius (1790-1868), qui le découvrit en tant qu’objet mathématique avec Johann Benedict Listing (1808-1882), cette forme était connue comme objet physique depuis l’Antiquité. Elle est l’attribut du dieu grec de l’éternité Eon sur une des mosaïques découvertes à Sentinum, en Italie. On la trouve aussi sur un folio d’un des manuscrits du Recueil de la Théorie et de la Pratique Utile dans l'Art des Procédés Ingénieux d’al-Jazarî (2nde moitié du XIIe siècle – mort après 1206). Elle y apparaît sur l’illustration du mécanisme ingénieux d’une noria.

«Maison à l’oreille»: quand art et science mathématique sont en parfaite harmonie 
Retradazia (CC BY-SA 4.0)

En dépit de son caractère imposant, l’œuvre d’art moderne de Vladimir Vlassiltsov et Eléonora Jarénov semble légère au point de flotter entre les 2e et 6e étages du bâtiment sur lequel elle est solidement fixée. Lorsqu’on la regarde sous un certain angle, on croit y voir, comme le poète Andreï Voznesenski (1933-2010), une oreille sur l’hélix de laquelle on aurait tatoué des symboles mathématiques. Pour l’architecte Léonide Pavlov, elle est « un œil qui regarde dans les entrailles de la mère nature ».

Organe de l’œil ou de la vue, cette magnifique sculpture est aujourd’hui le logotype de l’Institut économico-mathématique central.

Dans cette autre publication, nous parlos de dix styles architecturaux que l’on peut observer à Moscou 

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