Quels mots-parasites pullulent actuellement en russe?
Outre sur Telegram, Fenêtre sur la Russie diffuse désormais du contenu sur sa page VK! Vidéos, publications dédiées à l’apprentissage du russe et plus encore dans notre communauté
Chacun d’entre nous, quelle que soit sa langue maternelle ou celle(s) qu’il maîtrise déjà bien, laisse des mots parasites se glisser dans son expression orale. Ils servent à combler les vides dans son élocution ou, pire encore (!), celui de ses idées.
En russe, ces mots qu’on appelle comme en français parasites le sont parce qu’ils s’imposent dans les phrases sans se lier grammaticalement aux autres mots. De plus, il faut bien reconnaître qu’ils sont très nombreux et grouillent dans la langue contemporaine.
« Ces mots-parasites, semblables à un tic de langage, peuvent apparaître dans n’importe quelle partie de la phrase. Un même mot peut être répété plusieurs fois dans une seule et même phrase. Leur principale particularité est qu’ils n’apportent absolument rien à ce qui est dit et on pourrait donc facilement les éliminer : non seulement le sens n’en serait pas modifié, mais ce qui est dit serait énoncé plus clairement », nous apprend Andreï Gorchkov, rédacteur du portail Грамота.ру.
En Russie, on considère que quelqu’un dont la langue orale est infestée par un grand nombre de mots-parasites parle mal, a peu de vocabulaire ou ne sait pas dominer son stress (par exemple, lorsqu’il prend la parole en public).
En russe, certains mots-parasites sont parfois des gros mots ou des euphémismes, comme l’est блин.
Mais ce sont le plus souvent des particules, des démonstratifs, des interjections et, même, des expressions entières. Voici les plus répandues que l’on peut aujourd’hui entendre dans la bouche de presque tous les Russes.
Ну
Nou est un mot-parasite tellement répandu qu’il est à l’origine de tout un folklore. Par dérision, on le fait rimer dans Ну - баранки гну (je tors des baranki). Les parents et les instituteurs peuvent donner cet ordre à un enfant : не нукай (verbe нукать formé pour l’occasion), quand il répète trop souvent cette particule ou l’étire à plaisir. C’est d’ailleurs ce que fait habituellement quelqu’un qui ne sait pas quelque chose et essaie de gagner du temps : « Нууу, я не знаю ».
Вот
On aura du mal à trouver un mot-parasite plus universel que vot ! On peut le glisser dans n’importe quelle phrase. Il donne une nuance de conclusion logique : voilà (c’est tout / c’est comme cà). Il fait aussi souvent la paire avec ну.
Ээээ
Même les locuteurs dont l’élocution est limpide emploient parfois et sans s’en rendre compte ce son : èèèèè dont l’équivalent serait euh. L’un comme l’autre servent à combler un vide dans ce qu’il sont en train de dire. Certains n’hésitent pas à l’écrire : ээээ? pour donner à comprendre le niveau de leur incompréhension et de leur perplexité.
Типа, как бы, вроде того
Le sens de ces mots est celui de la comparaison. Il est détourné par ceux qui ne sont pas certains de ce qu’ils disent. Au lieu de répondre да ou нет à une question, il peuvent tout simplement choisir l’un de ces trois mots ou locutions.
В общем
À l’écrit, on rencontre rarement cette locution qui résume ce qui vient d’être exposé. À l’oral, on l’entend très fréquemment, tout comme un autre parasite : вообще-то (qu’on pourrait traduire par en fait). À tel point que beaucoup de locuteurs natifs du russe ne savent même plus l’écrire correctement.
Это, это самое, там
Ces mots sont employés par ceux qui ont oublié quelque chose : que ce soit le bon mot ou un fait auquel ils pensaient.
На самом деле
Certains linguistes pensent que cette expression qui signifie en réalité, dans les faits s’emploie pour faire contre-poids à как бы (dont la particule бы introduit une nuance d’hypothèse, de conditionnel) et exprimer l’hyper-réalité.
Слушай(те)
Cet impératif du verbe слушать (écouter) sert à attirer l’attention de l’interlocuteur sur ce qui va être dit. Dans la correspondance par messagerie privée, on en rencontre les formes corrompues : слуш ou слууушай.
Короче, короче говоря, если коротко
L’emploi de ces mots est paradoxal : le locuteur les ajoute pour indiquer qu’il veut économiser du temps. Короче est aussi aujourd’hui quelque chose entre une interjection et une exclamation qui invite à en venir au sujet.
Dans cette autre publication, découvrez tout ce qu’il faut savoir sur les jurons en Russie.