En images: Novodievitchi, le principal monastère de Moscou, en sept faits
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Les chroniques attestent que le monastère a été fondé en 1524, dix ans après que le prince Vassili III de Moscou eut repris Smolensk aux Lituaniens. Le lieu d’édification a été choisi dans les prairies inondables de Dievitchié Polié (le Champ de la Vierge), situées dans le coude de la Moskova. Seule la cathédrale de Smolensk a été construite en pierre, les autres bâtiments étant longtemps restés en bois. C’est pourquoi le monastère a été détruit, brûlé et restauré à plusieurs reprises. Il a survécu à l’invasion polonaise, a failli être anéanti pendant la guerre contre Napoléon, a cessé ses activités après la révolution de 1917 et a repris du service après la Seconde Guerre mondiale.
C’était le lieu d’exil des tsarines
Un certain nombre de chercheurs pensent que la fondation même du couvent est liée à la nécessité de se débarrasser d’une épouse indésirable. Sinon, comment expliquer que le prince Vassili III ait repris Smolensk en 1514, et qu’il soit revenu à l’idée de fonder le monastère en 1524 ? En près de 20 ans de mariage, l’épouse du grand-prince – Solomonia Sabourova – n’avait pas pu donner naissance à un héritier. Vassili III craignait donc que le pouvoir ne passe à ses neveux et a entamé une procédure de divorce. En conséquence, Solomonia a été tonsurée de force et faite nonne. Vouée à vivre à Novodievitchi, elle n’en a toutefois pas eu le temps : elle a vécu et est morte au monastère de l’Intercession de Souzdal. Vassili III a alors bientôt épousé Elena Glinskaïa, fille d’un prince lituanien. Le tsar Ivan le Terrible est né de ce mariage.
Sous son règne, le couvent de Novodievitchi s’est définitivement lié à la cour – de proches parentes s’y sont installées : la princesse Iouliana, veuve du grand-duc Iouri d’Ouglitch, frère cadet d’Ivan le Terrible, et la tsarevna Elena, veuve du fils d’Ivan le Terrible, le tsarevitch Ivan.
Cependant, la principale résidente du monastère dans la mémoire du peuple est restée la sœur aînée de Pierre le Grand, Sophie. Tout d’abord, elle fut l’une des principales bâtisseuses du couvent. C’est sous son règne que furent érigés le clocher, de nouvelles églises et des réfectoires, et que les tours furent reconstruites. Deuxièmement, après l’éviction de Sophie du pouvoir en 1689, Pierre Ier l’a emprisonnée ici et elle a été tonsurée de force en tant que nonne. Après la rébellion des Streltsy, ses partisans furent pendus devant les fenêtres de sa cellule. La légende veut que leurs fantômes errent encore autour de l’étang de Novodievitchi.
Ironiquement, la tour où Sophie était enfermée est aujourd’hui considérée comme miraculeuse. Les gens (surtout des femmes) viennent la voir comme un sanctuaire pour lui formuler leurs vœux les plus chers – ils écrivent leurs demandes sur le plâtre et insèrent des notes de papier entre les briques.
Il a été associé à l’avènement de Boris Godounov
C’est précisément à Novodievitchi que les boyards sont venus à trois reprises demander à Boris Godounov de monter sur le trône. En janvier 1598, le neuvième jour après la mort du tsar Fiodor Ier, sa veuve et héritière du trône, la tsarine Irina Godounova a quitté le Kremlin pour le couvent, ce qui signifiait de facto son abdication. Son frère Boris Godounov s’y est également installé. Un mois plus tard, après la bénédiction de sa sœur, ce dernier a accepté l’élection au tsarat dans la cathédrale de Smolensk du monastère. Ce n’est donc pas un hasard si, sous le règne de Boris Godounov, le monastère de Novodievitchi a prospéré : la cathédrale de Smolensk a reçu une nouvelle iconostase, les icônes ont été recouvertes de coûteux oklads (protection métallique), les fresques rénovées et de vastes cellules, appelées chambres d’Irina, construites pour la tsarine douairière.
Le clocher est une perle de l’architecture baroque russe
Le clocher a été construit vers 1690 et atteint une hauteur de 72 mètres. À l’époque de sa construction, il était le deuxième plus haut après le clocher d’Ivan le Grand au Kremlin (81 mètres), il était considéré comme l’un des plus hauts bâtiments de Moscou et était visible de loin. L’architecte russe du XVIIIe siècle Vassili Bajenov a dit à son sujet : « Le clocher d’Ivan le Grand mérite d’être vu, mais le clocher du monastère de Novodievitchi séduira davantage les yeux d’un homme de goût ». Sa particularité est que l’épaisseur impressionnante des murs est voilée par la dentelle des chambranles blancs des fenêtres, dont le motif ne se répète dans aucun des six niveaux.
Il abrite l’une des icônes les plus vénérées de Russie
Une copie de cette icône de la Mère de Dieu a été apportée de Byzance en Russie en 1046 par la princesse Anna Monomaque, qui deviendra l’épouse du prince de Tchernigov, Vsevolod. En 1095, leur fils Vladimir Monomaque a transféré l’icône de Tchernigov à Smolensk, où il a construit en 1101 l’église en bois de la Dormition de la Vierge Marie. En 1404, lorsque Smolensk fut prise par la Principauté de Lituanie, l’icône se retrouva transportée à Moscou et demeura jusqu’en 1456 dans la cathédrale de l’Annonciation du Kremlin. Lorsque Smolensk redevint russe et que l’icône y fut restituée, l’on en réalisa une copie, qui fut placée dans la cathédrale de l’Annonciation du Kremlin. L’icône de la Mère de Dieu de Smolensk désormais conservée au monastère de Novodievitchi est une copie de l’image du Kremlin réalisée au milieu du XVIe siècle.
Il est possible d’y trouver un cadeau... de Barbara Bush !
La popularité de l’écrivain Robert McCloskey auprès des enfants américains est comparable à celle d’Agnia Barto auprès des Russes. Les jeunes lecteurs apprécient particulièrement son libre Laissez passer les canards, qui raconte comment une mère canard fait traverser la chaussée à ses petits. C’est pourquoi, en 1987, une composition sculpturale a été installée dans un jardin public de Boston : un canard avec ses canetons. Or, en 1991, Mikhaïl et Raïssa Gorbatchev étaient en visite d’affaires dans cette ville américaine. Raïssa a aimé la sculpture et Barbara Bush a offert à l’épouse du président russe une copie de celle-ci, qu’il a été décidé d’installer dans le parc du couvent de Novodievitchi, près de l’étang.
Il s’agit d’un couvent en activité
Le monument, vieux de plus de 500 ans et classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est toujours en activité. C’est-à-dire qu’il dispose d’une abbesse, qu’il abrite une trentaine de novices qui s’occupent du jardin et des serres, travaillent dans les ateliers de peinture d’icônes et de couture, et élèvent des poules. Il y a également un centre d’accueil pour les jeunes mères en situation difficile.
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